in 2018, le conseil départemental de l'Hérault a voté un "schéma irrigation" doté d’un budget de 310 millions d’euros pour irriguer 22 500 hectares de terres agricoles supplémentaires d'ici 2030*.
Avec le maintien des 34 500 ha déjà équipés en 2017, 30 % de la surface agricole utile devrait être irriguée à la fin du projet (contre 18 % à son lancement).
D’après Yvon Pellet, vice-président du conseil départemental de l’Hérault délégué à l'économie agricole et à l'aménagement rural, « l’ensemble de ces mesures doit permettre d’annuler quatre années de sécheresse sur cinq ».
Pour atteindre ses objectifs, le département entend moderniser ses trois grands barrages et envisage d’élever le niveau du lac du Salagou pour récupérer un million de litres d’eau. Il attend beaucoup de la finalisation de l’Acqua Domitia et a également identifié neuf sites propices à la création de retenues hivernales. 6 400 ha (essentiellement des vignes) pourraient en profiter.
Autour de Puilacher, un réseau alimenté par le canal de Gignac permettant l’irrigation de 550 ha sera mis en eau dès cette année.
Trois autres retenues capables de couvrir les besoins de 3 500 ha de vignes et de terres agricoles sont à l’étude. « La première fournirait entre 800 et 950 000 m3 d’eau aux communes de Florensac, Pomerols, et Pinet ; la seconde environ 2 millions de m3 à Coulobres, Pouzolles, Abeilhan, Margon, Puissalicon et Alignan-sur-Vent ; et la troisième 1,5 millions de m3 à Magalas, Autignac, Caussiniojouls, Laurens, Fouzilhon et Cabrerolles » liste le vice-président.
« Les choses avancent à petits pas, explique Yvon Pellet. La Chambre a recensé les besoins agricoles. Nous discutons avec les mairies et les intercommunalités, et nous avons sollicité les services de l’Etat qui doivent réaliser des études de sol, de faune et de flore pour estimer l’incidence environnementale, et réaliser des fouilles archéologiques. Tout cela prend du temps ».
Les conditions de mise en œuvre de ces projets sont attendues pour la fin de l’année. Espérant l’adhésion de l’ensemble de la population, Yvon Pellet rappelle que ces retenues ne viendront pas puiser d’eau dans les sous-sols. « Elles seront alimentées l’hiver par la ressource en eau du bas-Rhône, quand il est à son plus haut débit ».


Le vice-président ajoute qu’il ne s’agit pas d’arroser à grande eau, mais de réfléchir en parallèle au paillage des sols ou à la mise en place de haies, et que l’irrigation n’est pas le seul levier que le département souhaite activer pour aider l’agriculture à s’adapter au réchauffement climatique. « Nous travaillons aussi sur les cépages résistants ou sur l’enherbement » illustre-t-il.
Yvon Pellet tient aussi à rassurer les viticulteurs qui ne pourraient pas profiter des projets collectifs d’irrigation. « Nous soutenons aussi des projets individuels. Nous venons par exemple d’aider financièrement un vigneron à Combaillaux à construire une retenue de 20 000m3 d’eau pour irriguer 35 hectares ».
* Suite à la sécheresse de 2017, la Chambre d’agriculture de l’Hérault avait estimé des besoins supplémentaires en eau sur 42 000 ha, dont 35 000 ha de vigne.