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Dans le Midi, encore des besoins d'irrigation des vignes à couvrir
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Les réseaux se développent
Dans le Midi, encore des besoins d'irrigation des vignes à couvrir

En zone méditerranéenne, les réseaux d'irrigation se développent depuis 2012 grâce aux aides européennes. Mais les besoins sont loin d'être couverts. Les vignerons s’arment de patience.
Par Frédérique Ehrhard Le 24 octobre 2022
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 Dans le Midi, encore des besoins d'irrigation des vignes à couvrir
Mathieu Mauran cultive 26 ha à Terrats et Montauriol, dans les Pyrénées Orientales. - crédit photo : Frederique Ehrhard
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« Cela fait dix ans que nous attendons l'eau dans les Aspres ! Le projet porte sur 350 ha de vignes. J'y crois encore. Dans la zone qui devrait être irriguée, je replante des cépages adaptés aux IGP. Et je vais participer à la création d'une association syndicale autorisée (ASA) en m'engageant pour 8 ha, même si nous ne sommes pas sûrs que le projet aboutisse », explique Mathieu Mauran, qui cultive 26 ha à Montauriol et Terrats, dans les Pyrénées-Orientales.

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Mathieu Mauran (crédit photo Frédérique Ehrhard)

Cet été, il a vu pour la première fois quelques ceps se dessécher complètement, et il se demande comment cela finira si de telles sécheresses se répètent. « Il nous manque juste un peu d'eau pour maintenir la vigueur et le rendement. En sécurisant au moins une partie de la récolte, je pourrais me projeter plus facilement dans l'avenir, prévoir des investissements. Et c'est la même chose pour notre coopérative Les Vignobles de Constance et du Terrassous », relève le jeune vigneron.

Les élus locaux s'inquiètent

Voyant les vignes reculer et les friches gagner du terrain, les élus locaux s'inquiètent eux aussi. Au point que c'est la communauté de communes des Aspres qui porte le projet d'irrigation des 350 ha. « Nous voudrions remplir trois retenues durant l'hiver et le printemps avec de l'eau du canal de Thuir qui n'est pas utilisée à cette période, afin d'arroser l'été et de préserver le vignoble », explique Thierry Blot, le directeur des services techniques de la communauté.

Malheureusement, ce projet n'a pas été validé dans le dernier plan de développement rural régional (PDR) qui bénéficie de subventions européennes (Feader). « Nous allons le représenter au prochain plan, avec les études complémentaires qui nous ont été demandées. Nous ne pouvons pas financer cinq millions d'euros de travaux sans subventions. C'est un projet d'utilité publique. Les vignerons ont besoin d'eau, les pompiers aussi. Et la vigne reste le meilleur coupe-feu pour arrêter les incendies », affirme Jérôme de Maury, le maire de Sainte-Colombe-de-la-Commanderie, responsable de ce projet à la communauté de communes, qui tient à préserver les paysages comme l'activité économique.

Dans l'Hérault, ça se présente mieux

Dans l'Hérault, les choses se présentent mieux. Grâce aux financements obtenus dans le PDR, dix extensions de réseau sont en cours de réalisation et cinq vont démarrer. « Dans la vallée de l'Hérault, un réseau de 550 ha devrait être mis en eau en 2023, alimenté par le canal de Gignac et des lâchers depuis le barrage du Salagou », indique Alexandre Boudet, vigneron sur 30 ha à Plaissan et président de l'ASA locale.

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Alexandre Boudet (crédit photo DR)

Le réseau irrigue déjà 8 ha depuis 2014, et grâce à cette extension, il va en irriguer 12 ha de plus. « C'est important pour la survie de mon exploitation. Je l'ai encore mesuré cet été. En moyenne, j'ai produit 20 hl/ha de plus dans les vignes irriguées », assure Alexandre Boudet. À l'échelle du territoire, l'arrivée de l'eau devrait ainsi permettre de vinifier 11 000 hl supplémentaires, de quoi conforter la coopérative Clochers et Terroirs de Puilacher et les caves particulières alentour.

35 500 ha de vignes ont besoin d'eau

« Nous espérons bien continuer à développer l'irrigation avec le prochain PDR, car les besoins ne sont pas encore tous couverts », lance le jeune vigneron. Tant s'en faut. En 2017, dans le cadre du plan départemental Hérault Irrigation, la chambre d'agriculture a recensé 35 500 ha de vignes ayant besoin d'eau. Pour y arriver, il ne suffira pas d'étendre les réseaux actuels. Le conseil départemental planche sur des projets de retenues.

En Provence, les projets ne manquent pas non plus. Dans le Vaucluse, les ASA modernisent leurs réseaux afin d'économiser l'eau. « Nous nous sommes associés à l'ASA de Séguret pour mettre nos réseaux d'irrigation gravitaire sous pression. Nous pourrons ainsi installer le goutte-à-goutte et gérer plus finement les apports. Cela permettra de diminuer les prélèvements dans l'Ouvèze, où souvent il y a des restrictions l'été, tout en maintenant les surfaces irriguées », souligne Franck Molenat, vigneron à Roaix et président de l'ASA locale. La première tranche de 178 ha est en cours de réalisation. Les deux suivantes devront obtenir un financement dans le prochain PDR.

Trouver des financements

Ces réseaux devraient, dans un deuxième temps, être alimentés par l'eau du Rhône, dans le cadre du programme Hauts de Provence rhodanienne qui s'étend sur 74 communes du Vaucluse et de la Drôme en vue d'irriguer 20 000 ha. « Deux adducteurs devraient être réalisés pour raccorder les réseaux existants au Rhône. Nous en sommes aux études de préfiguration. Il faudra ensuite rassembler des financements », note Michel Brès, vigneron et responsable de l'hydraulique à la chambre d'agriculture du Vaucluse.

À terme, ce réseau devrait ainsi permettre d'irriguer les terres tout en cessant les prélèvements dans les nappes qui fournissent l'eau potable ou dans les rivières de faible débit, ce qui est loin d'être le cas du Rhône, plus puissant fleuve français.

Des règles qui pourraient changer

En Languedoc-Roussillon, 10 000 ha de vignes ont pu être équipés du goutte-à-goutte depuis 2012, date à laquelle l'Union européenne a autorisé le financement de l'irrigation sur les fonds Feader. Mais, malgré les volontés politiques réaffirmées aujourd'hui, les possibilités d'utiliser ces fonds risquent de se restreindre dans la nouvelle Pac. Les zones dans lesquelles la ressource en eau est considérée comme dégradée n’auront plus accès aux aides publiques. Reste à connaître ces zones. De plus, les enveloppes régionales consacrées à l'irrigation risquent de se réduire. Pour obtenir des financements, il faudra s'appuyer sur la diversité des usages de cette eau brute, bienvenue pour renforcer l'accès à l'eau des pompiers, par exemple.

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