L’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) a développé sur Cognac puis sur Bordeaux et Jurançon, les premiers réseaux de parcelles de vigne « Témoins Non Traités » dans les années 90 » se souviennent les partenaires du projet Vitirev, en introduction du compte-rendu d'une enquête réalisée au printemps 2020 via le Bulletin de Santé Végétal Vigne (BSV Vigne) de Nouvelle-Aquitaine.
« Il ressort de cet historique que si, en l’absence de traitements, les maladies peuvent détruire la totalité de la récolte les années de forte pression, on observe à l’inverse une quasi-absence de dégâts près d’une à deux années sur dix : les « Témoins Non Traités » (TNT) révèlent à posteriori les périodes de protection indispensable mais aussi l’utilisation parfois abusive des produits phytopharmaceutiques lors de certains millésimes ».
251 personnes ont répondu à leur questionnaire visant à réaliser un inventaire exhaustif de la mise en œuvre du dispositif sur la région. 68 % sont des viticulteurs et 17 % des conseillers. « 90 % des viticulteurs ayant répondu sont engagés dans une démarche environnementale. 20% travaillent en bio et 20 % adhèrent aux groupes Ecophyto (DEPHY ou 30 000). Dans l’ensemble, le panel des répondants apparait donc très sensibilisé par les problèmes environnementaux générés par leur activité » commencent-ils par noter.
Au total, l’enquête a permis d’identifier le suivi de 202 TNT sur 60 communes. « Près de 2/3 des répondants à l’enquête n’observent pas ce type de dispositif. 119 TNT sont observés par des techniciens et 83 par des viticulteurs. Seuls 35% des viticulteurs ont mis en place le dispositif. Ils suivent en grande majorité un seul TNT alors que les techniciens en suivent le plus souvent plusieurs » détaillent les partenaires du projet, ajoutant qu’en moyenne, les viticulteurs gardent un TNT tous les 25 ha.
Par ailleurs, 82 % des viticulteurs estiment le suivi d’un TNT à moins de 15 minutes et n’appliquent pas de protocole spécifique. 72% font leurs observations au moins 1 fois par semaine et 24% réalisent des comptages précis, essentiellement sur le mildiou, l’oïdium et le black rot. Seul 1/3 suit les cicadelles et tordeuses et 8% les auxiliaires.
« Pour 66 % des viticulteurs interrogés, le TNT permet avant tout l’adaptation des traitements à la pression parasitaire observée. Il n’apparait comme un facteur de réduction des traitements que pour 28 % » poursuivent les enquêteurs. Ceux qui refusent de suivre un TNT mettent en avant le manque de temps (22 %), la crainte de contaminations du vignoble (19 %), le refus de pertes de production (17 %), et le désintérêt par rapport à la démarche (7%).
60 % de viticulteurs qui n’ont pas encore mis en place de TNT dans leurs parcelles envisagent possible d’adhérer à la démarche. Souhaitant les encourager dans cette démarche, les partenaires du projet Vitirev rappellent qu’ils peuvent les accompagner, et que le nouveau cahier des charges de la certification HVE permet d'acquérir 1 ou 2 points pour l'item « Phytosanitaires » dès lors que les agriculteurs suivent des parcelles d'observations dans le cadre du BSV.