’est l’une des communes de l’Anjou qui compte le plus de pied de vignes. Au fil des époques, le remembrement, la spécialisation des viticulteurs ont fait de Saint-Lambert du Lattay un village dont les paysages ont été quasi exclusivement façonnés par la vigne. A l’heure, où beaucoup cherchent à redonner de la biodiversité dans le vignoble, l’orientation naturelle tend à recréer les haies.
C’est ce que pensait faire Quentin Cailleau, installé sur 26 ha dans ce village du Layon avec ses parents Véronique et Pascal. “Je voulais redessiner le vignoble tel que l’exploitait mon grand-père. Il y avait des arbres, des haies qui délimitaient les parcelles. Mais pour replanter toutes ces haies disparues au fil des années, il fallait à divers endroits qu’on arrache plusieurs rangs de vigne. A ce niveau, le projet devenait compliqué financièrement. On ne peut pas se permettre de perdre de la production pour l’équilibre de l’entreprise”.
Le jeune vigneron a donc cherché le moyen de travailler sur la biodiversité environnante tout en maintenant ses équilibres économiques. Et c’est sur une parcelle de prairie hors zone d’appellation qu’il a décidé de concentrer son attention. Avec quelques amis bénévoles, 1 300 arbres (dont 1 000 chênes sessiles, merisiers, érables, néfliers…) ont été plantés avant les fêtes sur un hectare, à proximité d’une petite pièce d’eau entourée d’un espace naturel. “On a voulu prolonger ce lieu sauvage pour recréer un large écosystème”, souligne Quentin qui ne compte pas s’arrêter là. Les plantations vont se poursuivre en 2023 sur 1,4 ha d’une parcelle voisine. Puis, restera ensuite, si les choses peuvent se faire, à acquérir une petite prairie abandonnée depuis des années tout à proximité pour prolonger ce qui doit constituer à terme un large espace boisé, une petite forêt. “Ça manque sur notre commune”, assure Quentin.
Entre les plants, le travail pour préparer le terrain, les tuteurs et les protections contre les chevreuils, le domaine aura investi quelques milliers d’euros. “Le retour qu’on en attend, c’est une meilleure biodiversité”, souligne Quentin. Parallèlement, les vignerons ont implanté des nichoirs à mésanges, à chouettes et à chauves-souris. L’objectif est d’utiliser ces insecticides très naturels pour se dispenser de confusion sexuelle, largement répandue dans cette commune. Et petit clin d’œil, le tout jeune papa se souviendra que tous ces arbres arborent le même âge que sa fille.