lus vieille appellation sicilienne, créée en 1968 avant le Marsala, la DOC Etna a surfé sur la vague de popularité des vins volcaniques ces dernières années. Un peu trop, peut-être, car la superficie plantée est passée de 680 hectares revendiqués par 203 producteurs en 2013 à 1 184 hectares en 2021, répartis entre 390 producteurs. La faible superficie moyenne – moins d'un hectare par exploitation, et avec seulement sept structures dépassant les vingt hectares – rend l’appellation assez vulnérable. Le consorzio a ainsi entrepris un travail important d’identification parcellaire, tout en imposant des restrictions sur les nouvelles plantations.
En effet, sa stratégie consiste désormais à « réguler la croissance sur des normes de qualité plus élevées, en bloquant les demandes de nouveaux vignobles en DOC Etna jusqu'en 2024 au moins », explique l’organisme de gestion. En réalité, tout vignoble planté depuis le 1er août 2021 et jusqu’au 31 juillet 2024 ne sera pas éligible à l’appellation. Ce gel des autorisations fait suite à un engouement constaté ces dernières années en faveur des différents vins volcaniques élaborés sur les pentes de l’Etna, que ce soit en rouge, blanc ou rosé. Dans les trois couleurs, les augmentations respectives se chiffrent à +27 %, +37 % et +50 % en nombre de bouteilles produites en 2022 par rapport à 2021. Pour le directeur du consorzio, Maurizio Lunetta, cette forte progression s’explique par l’attrait « d’une marque Etna très en vogue du fait de ses vins particulièrement identitaires et qualitatifs. Il est tout à fait normal, donc, que la DOC attire de nombreux investisseurs ». Fait intéressant : « Les entrepreneurs du monde du vin qui s’y intéressent sont majoritairement situés en dehors de la région ».
Pour protéger le caractère fragile, à la fois des exploitations et de la zone d’appellation, l’organisme de défense a également entrepris un travail important d’identification de l’ensemble des « contrade » ou lieux-dits au sein de l’aire. Jusqu’à présent, ces zones étaient délimitées sur la base d’anciens plans cadastraux qui n’avaient jamais été mis à jour, malgré les irruptions successives du volcan. Désormais, la première carte de l’ensemble des 133 « contrade » a été élaborée, offrant un « instantané de l’aire d’Etna à travers sa riche mosaïque de contrade qui entourent la zone viticole au pied du volcan, du nord au sud ». Ce travail en profondeur a permis dans le même temps de porter le nombre de lieudits à 142 répartis parmi 11 communes sur les 20 que compte l’aire d’appellation.
« Il s’agit d’une première étape vers une meilleure connaissance de la nature de chaque contrada pour plonger au cœur des caractéristiques qui les distinguent », ajoute Maurizio Lunetta. Et celui-ci de préciser que ce travail s’accompagnera d’une démarche de certification en développement durable. « D’ores et déjà, 59 % de l’ensemble du territoire d’Etna est exploité en bio et le but est de continuer à renforcer la biodiversité au sein de la zone. D’où le gel sur l’enregistrement des nouvelles plantations jusqu’en 2024. Enfin, nous modifierons le cahier des charges à l'avenir, en ajoutant quelques nouvelles contrade et probablement aussi le cépage carricante pour les spumante. L’aire de la DOC Etna ne s'étendra pas beaucoup plus, car nous devons préserver les forêts et parce que les coulées de lave empêchent les plantations massives ».