lutôt que d'améliorer une machine « un peu bricolée », Charles Billac a préféré en construire une nouvelle. Mais il n'est pas parti d'une page totalement blanche. Le gérant de la société Mac 16 (Matériels agricoles charentais), à Beaulieu-sur-Sonnette, en Charente, s'est appuyé sur son expérience dans le ramassage des pommes de terre pour fabriquer une ramasseuse de pierre à la demande d'Éric Latorre, vigneron et prestataire de travaux agricoles et viticoles à Peyriac-Minervois, dans l'Aude. Sur ses 37 ha de vignes, cet adhérent de la coopérative Tour Saint-Martin compose « avec des parcelles très caillouteuses que je dois dépierrer pour envisager un travail du sol efficace et qui n'altère pas les outils », dit-il.
Pour le tirer d'affaire, Charles Billac et son équipe ont mis au point un prototype de ramasseuse de pierres tractée qu'Éric Latorre a pu tester pendant plusieurs mois cette année. Cette machine comporte une lame horizontale en acier qui soulève la terre et les cailloux qu'elle renferme.
Tapis d'acheminement des pierres (Crédit photo Mac 16)
Puis, un rotor muni de doigts en acier entraîne les pierres vers un tapis ajouré qui les achemine dans un bac, qui atteindra 1,50 m3 dans la version définitive du matériel. Un peu comme le pick-up d'une moissonneuse-batteuse, sauf qu'en guise de barre de coupe une lame pénètre dans la terre.
« Les pierres s'entrechoquent sur le tapis ce qui les nettoie de la terre dont elles sont chargées, explique Éric Latorre. Un passage suffit pour bien dépierrer. C'est très efficace et peu limitant quant à la taille des cailloux qu'on élimine. » La machine ramasse en effet toutes les pierres jusqu'à 50 cm de diamètre. « On avance assez lentement, entre 2 et 2,5 km/h, sinon ça bourre. Mais c'est finalement le vidage du collecteur qui limite le plus le débit de chantier », prévient Éric Latorre. Une fois plein, ce bac collecteur peut être levé jusqu'à 2 mètres de hauteur pour être vidé dans une benne en bordure des vignes. Il faut toutefois sortir des rangs à chaque fois, ce qui prend beaucoup de temps.
Éric Latorre a dépierré en se calant sur le régime moteur de 1 200 tours/min et à 540 tours/min à la prise de force. « On travaille à des régimes assez bas sans surconsommation particulière. Pour un bon ramassage, il faut éviter de travailler dans des conditions humides. Il faut aussi de larges tournières pour bien manœuvrer », termine le vigneron.
Largement convaincu par l'efficacité de la machine, Éric Latorre a acquis le prototype qu'il a contribué à développer et qui lui permettra d'étoffer son offre de prestations. Selon lui, un tracteur de 70 à 80 ch suffit pour l'entraîner. Charles Billac confirme. Avec sa largeur de 1,40 m, l'épierreuse passe sans problème dans les vignes plantées à 2 m. La lame en acier Hardox s'enfonce jusqu'à 10 cm dans le sol. Une pompe hydraulique entraînée par la prise de force actionne le rotor denté et le tapis de remontée. Il n'y a pas de correcteur de dévers, mais le pivot d'attelage est déporté pour améliorer les manœuvres. La hauteur de ramassage se règle depuis une commande l'hydraulique en cabine alors que la vitesse du rotor est ajustée sur la vitesse de rotation de la prise de force.
Alors qu'un deuxième modèle est en cours de livraison, Charles Billac a prévu des démonstrations à compter de janvier 2023. Le néofabricant annonce un prix avoisinant 40 000 ?, soumis aux incertitudes de l'approvisionnement en matières premières.
Les tarifs à la tâche sont publiés chaque année par les directions départementales de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS) de Loire-Atlantique et Vendée. Pour la campagne 2022-2023, il est de 0,19 €/cep pour la taille complète, avec une référence en Guyot avec long bois. Pour la prétaille, le salaire dû est égal aux 3/10e du salaire de la taille, soit 0,06 €/cep.