i l’agrivoltaïsme manque toujours d’une définition officielle, ses principes comme ombrières photovoltaïques dynamiques surplombant les vignes sont clairs pour Christine Lafaix, directrice offres clients et innovation d’Engie Green (filiale du groupe Engie dédiée aux énergies renouvelables). « Ce qui compte avant tout, c’est la culture. Les panneaux solaires, et la production d’énergie, s’effacent systématiquement selon les besoins de soleil de la culture » explique l’énergéticienne ce 30 novembre sur le salon Vinitech à Bordeaux, lors de la signature d’un accord de partenariat avec les Vignerons Indépendants de France (7 000 caves particulières adhérentes). Secrétaire général de la fédération nationale, Thierry Mothe s’appuie sur les premiers retours du domaine de Nidolères (basé à Tresserre dans les Pyrénées-Orientales), dont le vigneron indépendant, Pierre Escudié, essaie depuis cinq ans la solution de Sun’Agri : « c’est un outil supplémentaire contre les aléas climatiques (contre le gel en mettant les panneaux à plat pour éviter le rayonnement, contre les grillures en protégeant la vigne…), avec un gain de rendement (55 hl/ha contre 36 hl/ha en IGP), une amélioration organoleptique des vins (perte d’un degré en alcool, gain en acidité…). C’est une assurance récolte et qualité. »
Étudiant actuellement deux premières installations dans l’Aude et les Bouches-du-Rhône, Engie Green signe concrètement un bail à long terme emphytéotique sur les prises au sol des piquets et panneaux photovoltaïque. Si l’énergéticien prend en charge l’installation des panneaux solaires et une partie de la plantation (à négocier au cas par cas, y compris en termes d’investissements viticoles), le partenariat scinde les bénéfices entre la production de raisin et celle d’énergie. La première doit être facilitée pour le vigneron par la mise en place des panneaux aboutissant à la seconde, mais le vigneron ne bénéficie pas de cette énergie produite au-dessus de ses vignes pour sa consommation électrique ou pour des revenus complémentaires.


« C’est une volonté de l’organisation, pour éviter qu’il n’y ait que de la production d’énergie sans rien dessous » explique Christophe Chevré, directeur de pôle des Vignerons Indépendants de France, pointant qu’« aujourd’hui, le problème des vignerons c’est le rendement. Ils ont besoin de régularité dans leurs rendements, pas d’assurance récolte. » Selon les termes de l’accord de partenariat, chaque vigneron s’engage ainsi dans son contrat avec Engie Green à exploiter des vignes sous les panneaux installés. « Chacun est dans son rôle. Nous produisons des raisins » résume Thierry Mothe.
Actuellement à l’étude dans des vignobles hors appellation (les cahiers des charges ne permettant pas ces ombrières dynamiques), l’agrivoltaïsme en est à ses balbutiements. Mais son objectif n’est pas de recouvrir tout le vignoble indique Christine Lafaix, qui vise 4 à 5 % du vignoble sous panneaux dynamiques. Leur implantation posera des questions paysagères, comme les filets antigrêles et les éoliennes antigel note Thierry Mothe. Sujet émergent, la décarbonation du vignoble pourrait être soutenue par ces implantation photovoltaïques. Sachant qu’un panneau solaire aurait une espérance de vie de 40 ans « avec un entretien et de bonnes conditions d’utilisation » rapporte Christine Lafaix, indiquant que la durabilité de ses outils s’appuie désormais sur de filières de recyclage et de réemploi qui se développent en France.