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Gare aux bouteilles pas carrées !

Face à la pénurie de bouteilles, les vignerons se tournent vers de nouveaux fournisseurs. Pour éviter tout déboire, trois experts nous rappellent les contrôles essentiels à faire à l’arrivée d’un lot.
Par Pauline Orban Le 01 décembre 2022
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 Gare aux bouteilles pas carrées !
La liste des anomalies rencontrées sur les lignes d’embouteillage et d’étiquetage, à cause d’un défaut des bouteilles, peut être longue. - crédit photo : Christian Watier
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ouchon retroussé, étiquette plissée, carton écrasé... La liste des anomalies rencontrées sur les lignes d’embouteillage et d’étiquetage, à cause d’un défaut des bouteilles, peut être longue. Or une batterie de normes régit la fabrication de ces contenants en vue d’éviter de tels ennuis. Selon Josquin Peyceré, le secrétaire général du Cette (Centre technique international de l’embouteillage), parmi toutes ces normes, il en est deux auxquelles les vignerons doivent être particulièrement attentifs : le diamètre du goulot et la centilisation, c’est-à-dire le volume de liquide contenu dans la bouteille.

Ces derniers temps, les expertises dues à des bouteilles couleuses se multiplient. En cause, le plus souvent, des goulots défectueux. Une conséquence de la pénurie de bouteilles qui pousse les vignerons à se tourner vers de nouveaux fournisseurs.

Des normes précises

Catherine Chassagnou, responsable technique à la chambre d’agriculture de Gironde, observe ce phénomène. « La taille du goulot doit répondre à une norme bien précise, rappelle-t-elle. En haut du bouchon, au ras de la bague, le diamètre doit être compris entre 18 et 19 mm. Et à 45 mm de profondeur, il doit mesurer 19 mm + ou - 1 mm. Cela semble anecdotique, mais c’est primordial. Un goulot rétréci en forme de parenthèses inversées entraîne des difficultés de bouchage et une remontée du bouchon vers l’extérieur, qu’il y ait du gaz ou non dans la bouteille. Et, à l’inverse, si le goulot est évasé, le bouchon s’enfonce vers l’intérieur et le vin remonte par capillarité. »

Dans les deux cas, le bouchon n’est pas étanche. « Cela engendre des bouteilles couleuses, une perte de vin et des risques d’oxydation et de piqûre acétique, explique Lisa Hostalrich, œnologue et responsable conditionnement à l’ICV. Le risque de coulure est encore plus important avec les bouteilles à bouchon à vis. Si la hauteur du goulot ou l’angle du pas de vis ne sont pas respectés, la capsule perd en étanchéité. Une coulure, même légère, peut entraîner la formation de cristaux d’acide tartrique au niveau du joint et un risque microbiologique. C’est pour ça qu’il est conseillé de stocker les bouteilles à vis debout. »

Attention à la centilisation

Autre norme à laquelle il faut prêter attention, la centilisation. Les bouteilles de vin sont fabriquées à partir de récipients-mesure, de sorte qu’elles contiennent un volume précis. Sur le marché, il existe deux principaux modèles de 75 cl, l’un à remplir à 63 mm de hauteur par rapport au goulot à une température de 20 °C, et l’autre à 55 mm. C’est en laboratoire que l’on vérifie que les bouteilles contiennent bien 75 cl lorsqu’on les remplit au niveau requis.

Sur le terrain, on règle la hauteur de remplissage. « Ce réglage doit se faire lors du tirage à l’aide d’une réglette et en fonction de la température du vin, conseille Lisa Hostalrich. Il est important de vérifier que chaque tête tireuse remplit les bouteilles à la même hauteur et respecte l’espace de tête entre le vin et le bouchon. En cas de non-conformité, la bouteille de vin peut être trop remplie ou pas assez. Dans le premier cas, on peut avoir des bouteilles suinteuses si la température augmente lors du transport ou du stockage, engendrant une perte de vin, bien sûr, et un risque de déviation. »

D'autres défauts peuvent apparaître

D’autres défauts peuvent apparaître. « Une bouteille trop haute ne passera pas sur les machines à habiller, souligne Josquin Peyceré. À l’inverse, avec des bouteilles trop courtes de 2 mm, les cartons risquent de s’écraser. Idem pour la surface de la bouteille : si elle n’est pas plane, les étiquettes ou les contre-étiquettes risquent d’être plissées. Et avec un mauvais traitement de surface, les microfissures du verre ne sont pas correctement remplies. La bouteille sera alors plus fragile, plus rugueuse et glissera moins bien sur la ligne d’embouteillage, augmentant le risque de casse. »

En cas de problème, les vignerons devront remettre en cercle les bouteilles défectueuses, restabiliser le vin et refaire une mise en bouteilles avec un autre lot. Raison pour laquelle mieux vaut prendre quelques précautions, la première étant de vérifier le diamètre du goulot.

Un contrôle qualité en amont

Afin d’éviter toute mauvaise surprise au moment de l’embouteillage, des laboratoires spécialisés proposent de vérifier la conformité des bouteilles à la livraison. « Il est important que les vignerons nous apportent un échantillon de chaque lot de bouteilles car chaque lot correspond à un moule », souligne Catherine Chassagnou, de la chambre d’agriculture de Gironde. Dans ses locaux, une machine mesure le diamètre interne du goulot, millimètre après millimètre jusqu’à 45 millimètres de profondeur. « À 0 °C, puis à 90 °C, pour vérifier l’ovalisation du goulot », précise Catherine Chassagnou. À l’ICV, Lisa Hostalrich conseille également de faire des analyses de centilisation - soit en mesurant le volume dans une fiole graduée, soit en pesant la bouteille pleine puis vide - et du profil du goulot, avant et pendant la mise en bouteilles. Reste qu’il faut parfois se contenter de ce que l’on a. « Si le goulot est trop étroit, mieux vaut refuser le lot de bouteilles, indique Lisa Hostalrich. Mais quand on fait face à une pénurie, il faut trouver des alternatives. Dans certains cas, il est possible de comprimer un peu plus le bouchon avant de l’enfoncer pour éviter des problèmes d’étanchéité par la suite. »

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Tous les commentaires (2)
pg Le 03 décembre 2022 à 19:36:21
Grégoire, que de questions sans réponse ! Je partage vos interrogations... J' en suis arrivé à me demander : où puis-je m' informer de façon sérieuse ? J' étais abonné à La Vigne depuis des années. J' ai fini par capituler . Vitisphère m' informe des cancans du monde viticole. Mais , il arrive un moment où les cancans finissent par lasser...
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gregoire Le 01 décembre 2022 à 20:14:02
d'où vient la pénurie de verre? a qui profite t elle? qui a du vin qu'il ne peut conditionner? qui a des marchés de vin qu'il ne peut satisfaire par manque de bouteille? pourquoi nous satisfaisons nous de la réponse des verriers?
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