ela fait partie du paysage bourguignon : en hiver, les sarments qui brûlent dans les brouettes agrémentent la côte de leurs fumerolles odorantes. Esthétique, mais pas tout à fait écologique, comme en témoignent les arrêtés préfectoraux interdisant parfois la pratique. Parti de ce constat, Stéphane Bidault, entrepreneur bourguignon, crée en 2014 l’entreprise Vitis Valorem. Sa mission : collecter les sarments, les broyer, puis les revaloriser.
«J’ai effectué un premier test chez un viticulteur des Hautes-Côtes de Nuits. Et la démarche en a convaincu plus d’un. J’ai vite pu compter sur d’important clients comme les maisons Drouhin ou Chanson. Désormais, l’entreprise traite environ 300 hectares, de Meursault à Gevrey-Chambertin. » Et compte pour ce faire sur une quinzaine de saisonniers chaque hiver.
En pratique, « les viticulteurs nous appellent, et on programme avec eux le moment du ramassage, en fonction de leur process de taille. C’est eux qui donnent le rythme. Ils laissent les sarments soit dans le rang, en andains ou en fagots, soit en bout de rang. On les récupère dans des camions, puis on les fait sécher sur nos plateformes, avant de les broyer ».
La matière récoltée : une farine de sarments, au nom de marque déposée « sarmine », et produite à hauteur d’1,5 tonne par hectare. Stéphane Bidault la vend à des industriels. « La sarmine peut entrer dans la composition de nombreux produits. Le premier d’entre eux, c’est l’agrafe biodégradable. Mais nous avons aussi des clients dans l’industrie automobile, ou dans l’emballage. Nous proposons des granulométries différente en fonction de leurs besoins. » Paradoxalement, cette matière sert peu à amender les sols. « Nous préférons des débouchés à plus forte valeur ajoutée, d’autant plus que, d’un point de vue agronomique, l’intérêt est souvent limité. »
Stéphane Bidault voit dans son concept un double intérêt : « faire chuter le bilan carbone de la viticulture, ce qui est en phase avec les objectifs actuels de l’interprofession, et s’accompagne d’un impact d’image pour la filière. Et, en parallèle, abaisser largement le bilan carbone des produits finis qui utilisent la sarmine comme matière première. »
Un discours qui convainc désormais au-delà de la Bourgogne : « On est sollicités par quasiment tous les vignobles aujourd’hui. Dans l’absolu, nous ne pouvons pas accepter ces demandes, mais c’est un objectif. Cela implique pour nous de grandir et de passer un cap organisationnel. On cherche à se structurer avec des moyens financiers et humains. »