On veut devenir acteurs de notre marché, et non plus spectateurs », lâche Emmanuel Jambon, président de Terre de Brouilly - qui regroupe Brouilly et Côte-de-Brouilly. L’offensive se décline sur plusieurs volets.
Les deux crus ont ému certains opérateurs lorsque, cet été, ils ont pris la décision d’abaisser le rendement de l’appellation de 56 hl à 54 hl/ha. Certes, les rendements moyens sont aujourd’hui bien en-deça. Mais le signal est là. « On envoie un message : on va gérer notre appellation et nos stocks, et on est capables de créer la pénurie, prévient Emmanuel Jambon. On n’acceptera pas de repasser sous 400 €/hl. Ce cours nous permet enfin de vivre normalement, de produire et d’investir. Il y a deux ans, à 240 €/hl, on ne couvrait pas le coût de production - qui tourne autour de 330 €/hl en incluant un salaire mensuel de 1 500 €. » Le rendement autorisé sera réévalué tous les ans. L’idée est de faire correspondre le mieux possible la production et la consommation, tout en permettant aux vignerons de lisser les à-coups grâce au Volume Complémentaire Individuel (VCI) – un outil auquel les vignerons du beaujolais ont accès depuis 2021 seulement. « L’excédent entre le rendement de l’appellation et le rendement butoir de 61 hl/ha peut être placé dans le VCI et agir come une assurance récolte et une assurance qualité, en étant remobilisé une année difficile », souligne Emmanuel Jambon.


Autre volet de la quête de valeur : la montée en gamme. Sept lieux-dits en Côte-de-Brouilly et douze en Brouilly espèrent être reconnus en « premier cru ». Le dossier devrait être finalisé en juin 2023 pour un dépôt à l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (Inao) en septembre. L’aboutissement d’un long travail : « On a commencé en 2009 en identifiant et cartographiant els sols, puis en faisant des vinifications parcellaires et en organisant des dégustations pendant trois ans pour faire ressortir les caractéristiques de chaque terroir », relate Franck Tavian, vice-président de Terre de Brouilly. Si le classement en premier cru concernera, au mieux, 10 à 15 % de la surface de l’appellation, « cela nous tirera tous vers le haut, même ceux qui n’auront aucune parcelle dans le périmètre », estime Emmanuel Jambon.
Dernier axe : la promotion. Les deux appellations sont décidées à « attaquer une nouvelle dynamique ». Une nouvelle campagne de communication a été dévoilée le 19 octobre à la presse, mettant en avant les différents lieux-dits, désignés respectivement comme les « pépites » et les « étoiles » de Brouilly et Côte de Brouilly. Cette campagne sera déclinée sur différents supports pour accompagner la montée en gamme des deux crus. Un nouvel annuaire avec les portraits et coordonnées complètes de jeunes vignerons et néo-vignerons a également été édité, disponible en téléchargement et en version imprimée. Parce que ce sont encore les vignerons qui parlent le mieux de leurs vins.
Selon les premières estimations, le rendement moyen se situerait autour de 45 hl/ha en Brouilly et 42 hl/ha en Côte-de-Brouilly. « On est sur un très très beau millésime, chaud et baigné de soleil, s’enthousiasme Emmanuel Jambon. Et c’est l’une des rares années où Brouilly et Côte-de-Brouilly ont été épargnés par les intempéries. Mais ne dénigrons pas 2021 : quand on le goûte aujourd’hui, on constate que c’est un très beau millésime en dégustation. Parfois les années difficiles font les vins de garde. »