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Le drone moins bon que le chenillard ou le pulvérisateur à dos de vigneron
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Vignes en pente
Le drone moins bon que le chenillard ou le pulvérisateur à dos de vigneron

L’Anses rend son verdict sur l’utilisation des drones pour traiter les vignes en pente, après évaluation de la qualité des dépôts de phytos, de l’efficacité contre le mildiou et l’oïdium, de l’exposition des viticulteurs ou de celles des riverains.
Par Marion Bazireau Le 18 octobre 2022
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Le drone moins bon que le chenillard ou le pulvérisateur à dos de vigneron
Le drone génère plus de dérive mais expose moins les viticulteurs aux phytos. - crédit photo : Aero41
L

’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) rend un rapport plus que mitigé sur l’utilisation de drones pour la pulvérisation de produits phytopharmaceutiques.

Ses conclusions sur la qualité des traitements se basent sur 26 essais réalisés en conditions réelles chez des viticulteurs dans le cadre du projet « Pulvédrone », et sur 13 autres mis en œuvre sur la parcelle artificielle EvaSpray Viti de l’Institut de la Vigne et du Vin (IFV), entre 2019 et 2021.

Concernant la qualité (quantité et homogénéité) des dépôts de bouillie et l’efficacité biologique sur le mildiou, l’oïdium, ou le black rot, l’Anses indique que « la pulvérisation par drone se caractérise par des gradients de dépôt haut-bas et extérieur-intérieur pouvant affecter l’efficacité de traitements phytopharmaceutiques destinés à protéger la zone des grappes et/ou les étages foliaires les plus bas ».

Par ailleurs, les mesures de dépôts analysées à l’échelle d’une feuille montrent une très forte hétérogénéité de la pulvérisation, la majorité des dépôts se concentrant sur la face supérieure. Les experts précisent que les buses à granulométrie fine améliorent la pénétration de la bouillie au sein de la végétation tandis que l’utilisation de buses à plus forte granulométrie diminue l’hétérogénéité des dépôts entre ceps.

Pour l’Agence, la qualité de la pulvérisation par drone semble plus faible que celle obtenue avec du matériel terrestre classique, de type chenillard aéroconvecteur ou pulvérisateur à dos. « A un stade végétatif avancé, des comparaisons directes entre pulvérisations par drone et par atomiseur ont révélé, à l’échelle d’un cep, une couverture de 3,6 à 7,1 fois plus faible de la zone des grappes en cas de traitement par drone » assurent les experts, qui soulignent l’absence de répétitions ainsi que les limites des protocoles.

Attention au mildiou et à l’oïdium

L’Anses a eu à sa disposition 6 essais présentant un jeu de données permettant de bien analyser la fréquence ou l’intensité des maladies. Plusieurs programmes incluant des fongicides à base de cuivre et de soufre ont été testés, de même que l’utilisation de produits à base de COS-OGA, soufre, huile d’orange douce, et de décoction de prêle.

« Les applications par drone s’avèrent dans l’ensemble moins efficaces que celles par pulvérisateurs classiques (pulvérisateur à dos, voute pneumatique, ou canon fixe), notamment en cas de fortes pressions en mildiou ou en oïdium » observe l’Anses.

En cas de très fortes pressions, l’efficacité des traitements par drone s’est révélée insuffisante, aboutissant à des pertes notables de rendement. « Toutefois des performances comparables entre les traitements par drone et par pulvérisateurs terrestres ont été notées dans le cas de faibles pressions en maladies » nuance le rapport.

L’Anses s’est également penchée sur la contamination environnementale des pulvérisations par drone, en comparant la dérive de à celle générée par des applications avec du matériel de référence utilisé dans les parcelles agricoles en pente.

Sur vigne artificielle, les profils de dérive aérienne pour les pulvérisations par drone équipé de buses à granulométrie fine sont semblables à celui de la dérive générée par l’atomiseur à dos de référence. Le profil de dérive aérienne observée pour les applications avec le chenillard de référence est en revanche plus homogène sur toutes les hauteurs de fils.

« Les valeurs de dérive aérienne mesurées pour les pulvérisations par drone sont toutes supérieures à celles mesurées pour les applications avec le chenillard de référence, quelle que soit la hauteur considérée. Pour les hauteurs de mesures basses, jusqu’à 2,5m du sol, elles sont 4 à 10 fois supérieures, en considérant des buses à granulométrie équivalente » détaille l’Anses, sachant que les buses anti-dérive donnent des valeurs de dérive 2 à 3 fois inférieures à celles obtenues avec des buses à granulométrie fine, se rapprochant des performances d’un atomiseur à dos.

Le point de départ du drone et sa hauteur de vol jouent aussi sur la dérive des phytos.

Les viticulteurs moins exposés aux phytos

Lors de la préparation des bouillies, du remplissage des pulvérisateurs ou des drones, de la pulvérisation ou du changement de batterie, l’Anses a comparé l’exposition de 8 opérateurs équipées d’une combinaison lors d’une application du fongicide Lycedix 50 Ew avec un chenillard ou un drone.

« Les résultats indiquent que l’exposition de l’opérateur utilisant un drone est environ 200 fois plus faible que pour un opérateur utilisant un chenillard. La différence majeure de contamination, malgré des rechargements multiples, est observée lors la phase d’application, avec une contamination totale plus élevée pour un chenillard (15804.87 µg/opérateur) comparé à une pulvérisation avec un drone (71.59 µg/opérateur) » précise l’Anses.

Lors de la phase de chargement, la contamination pour les drones est cependant plus élevée (232.43 µg/opérateur) car le drone nécessite d’être rempli plusieurs fois, à l’inverse du chenillard (15.20 µg/opérateur), à raison de 11 opérations de chargement contre 3 pour une quantité de substance active pulvérisée quasi identique.

Les experts ont finalement évalué l’exposition des riverains à la dérive de pulvérisation a été estimée à l’aide de mannequins disposés à 3, 5, ou 10 mètres des parcelles.

« A l’exception d’un mannequin placé à 5 mètres, les niveaux de contamination sont toujours supérieurs dans le cas d’une pulvérisation par drones en comparaison à ceux avec chenillard et ce, quelle que soit la distance de la pulvérisation. Toutefois, on note une très forte variabilité entre les mesures pour une même distance avec le même matériel de pulvérisation » concluent les experts, qui auraient besoin de données complémentaires.

 

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Tous les commentaires (6)
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La rédaction Le 20 octobre 2022 à 17:17:18
Bonjour UNEPAT, merci pour votre participation : l'article en question se base sur les conclusions de l'ANSES. Les retours de l'APADAT ont été repris dans un autre sujet, le lendemain. Quant à votre grille de lecture "sensationnaliste", l'analyse vient de l'ANSES : « les applications par drone s’avèrent dans l’ensemble moins efficaces que celles par pulvérisateurs classiques (pulvérisateur à dos, voute pneumatique, ou canon fixe), notamment en cas de fortes pressions en mildiou ou en oïdium ». Bonne journée
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UNEPAT Le 20 octobre 2022 à 17:15:58
Bonjour, Veuillez nous excuser mais nous rejoignons l'APADAT sur le fait que les résultats du rapport sont énormément plus nuancés que ce qui votre article ne laisse penser ! Par ailleurs il est indéniable que l'exposition des vignerons aux produit phytopharmaceutique est largement diminuée par rapport aux pratiques actuelles ! Ce qui est en soit une avancée monumentale en termes d'impact sur la santé humaine (je vous rappelle que ces produits phytopharmaceutiques peuvent être responsable de cancer et autre pathologie). Par ailleurs l'ANSES conclut qu'il faut poursuivre ces essais, afin de conclure à l'efficacité de l'utilisation du drone (aérien), en affinant certains paramètres à savoir : "Afin de permettre une meilleure évaluation de l?efficacité de la pulvérisation : o Répéter les essais tout en améliorant la qualité des protocoles expérimentaux (en particulier limiter le nombre de facteurs de variabilité au sein d?un même essai) ; o Favoriser des dispositifs expérimentaux permettant de comparer différentes modalités dans les mêmes conditions expérimentales (même parcelle et même jour de traitement) ; o Dans les nouveaux essais, mettre en corrélation des mesures d?efficacité biologique et des mesures de qualité de la pulvérisation ; o Identifier les leviers d?action pratiques permettant d?améliorer l?efficacité des traitements par drone. Afin de limiter la dérive : o Pulvériser dans des conditions de vent faible à nul ; o Adapter le plan de vol du drone : abaissement de la hauteur de vol combinée avec une réduction de la vitesse d?avancement et prise en compte de la topographie de la parcelle traitée ; o Utiliser des buses à injection d?air dites à réduction de dérive. Afin de mieux caractériser l?exposition des personnes : o Répéter les essais concernant l?estimation des expositions des opérateurs et des riverains générées par la dérive de pulvérisation ; o Générer des informations afin de mieux renseigner l?exposition des travailleurs dans les conditions de rentrée, qui peuvent intégrer un délai, suite à une pulvérisation de la culture par drone." Par ailleurs à notre sens en l?état, cette étude n?est pas statistiquement recevable, en effet seulement certains tests ont été réalisés à auteur d?au moins 10 essais par tests (c?est le minimum pour réaliser une étude statistique sur l?efficacité et la reproductibilité d?un essai !) De plus dans le rapport, nous n?avons pas : - Le type de matériel utilisé (buse, drone aérien ou terrestre ?) - Le type de produit phytopharmaceutique utilisé - Les conditions aérologiques des essais - Les hauteurs de vol pour les pulvérisations - Les surfaces des essais - Les pentes - Complémentarité entre ATAS - ? Nous allons nous pencher un peu plus sur ces essais et les résultats et nous vous ferons un retour plus complet sur notre analyse. Le sujet de votre article est intéressant mais votre analyse n?est pas complète et le titre n?est pas bon (dans notre langage on appel ça un titre pute à clic ? ou sensationnel ?) Mais en l?état votre article n?est pas représentatif de la situation actuelle et du rapport que vous présentez, Nous reviendrons vers vous directement pour vous fournir notre analyse,
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Drone+ Le 18 octobre 2022 à 19:43:06
Et la décarbonation on en parle pas ? Le zéro émission de CO2 en vol non plus ? L?alternative drone fonctionne depuis 6 ans en Suisse, on attend quoi pour autoriser les drones en France ? Peut-être que les lobbys sont trop important dans ce Pays ? Je suis consterné d?évaluer des essais sur 3 ans avec des drones agricoles de premières générations, ceux de maintenant on un impact multiplié par quatre !
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Apadat Le 18 octobre 2022 à 19:33:50
Les conclusions sont bien plus nuancées que ne le laisse penser votre titre. On lit dans ce rapport, par exemple, que le risque d'exposition est 200 fois inférieur pour un opérateur drone que pour un opérateur sur chenillard. L'Anses réclame surtout une nouvelle phase expérimentale de plus grande envergure afin de récolter plus de données avant de tirer des conclusions ... Et si drone et chenillard étaient tout simplement complémentaires ? (météo, pentes ...) Et s'ils permettaient d'en finir avec la pénibilité du pulvérisateur à dos ? À dispo pour échanger sur le sujet ?
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MG Le 18 octobre 2022 à 15:58:56
Ce que ne mesure pas l'ANSES c'est l'utilisation des drones après des événements climatiques exceptionnels comme la grêle ou des pluies sans discontinuation durant plus de 24 heures.
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michel jacob Le 18 octobre 2022 à 13:22:37
Et voilà après de multiples essais couteux, stressants , aux résultats avérés, on continue en France de réfléchir, de réfléchir d'ailleurs à la place des vignerons . Pas grave, en attendant la conclusion des pseudos experts de l'ANSES des vignerons se tueront dans les vignes escarpées, s'intoxiqueront avec l'utilisation des chenillards ect..... Des drones comme nous en avions en essai, DJII le fabricant en vend plusieurs milliers par mois, pas grave en France on réfléchi..... et on surtout on paie des gens pour réfléchir à comment nous emmerder
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