l est entré en 1983 à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, au poste de conseiller viticole, au temps où les cépages hybrides venaient de disparaîtreù, mais où la viticulture de l’époque produisait majoritairement du vin de table. « J’ai eu la chance de débuter ma carrière à ce moment-là, sourit Michel Badier. Le vignoble était en pleine structuration, il y avait tout à faire en vinification, en commerce. Dans ce département sans notoriété à cette époque, il fallait innover, travailler la qualité, les cépages, la vente en bouteilles etc. »
A la demande de vignerons, le conseiller et ses collègues mettent en place des formations sur le commerce, et d’autres destinées aux épouses d’exploitants viticoles. « J’ai aussi co-animé beaucoup de stages d’installations avec des vignerons que j’ai accompagnés au fil des années ».
Très vite, Michel Badier prend goût aux chiffres et au conseil sur la gestion d’entreprise. « En 1984, nous avons lancé le premier référentiel économique viticole de France sur les coûts de production. La dimension technique est importante pour une exploitation viticole, mais l’aspect économique est essentiel. Les jeunes vignerons ne sont pas assez impliqués dans la connaissance de leurs coûts de production et la gestion. »
En 2020, avec son collègue Christophe Joffroy, responsable du pôle Entreprises à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher, il lance la 11e édition du "Référentiel économique du vigneron ©", mettant en avant la création de valeur, qui ‘assure la pérennité des entreprises viticoles ».
Michel Badier ne cache pas son admiration face à l’évolution de la profession en 40 ans : « Les vignerons ont su se remettre en cause sur l’environnement, leurs vins. Les femmes en viticulture ont aussi apporté une autre vision du métier. Les entreprises viticoles du Loir-et-Cher sont pour la plupart performantes. Je leur tire à tous et toutes mon chapeau ! Mais ils sont trop humbles. Ils doivent mieux communiquer sur ce qu’ils sont capables de faire et sur la qualité de leurs produits, travailler leur ‘storytelling’ pour vendre plus cher », commente Michel Badier.


Alliant expérience et qualités humaines, compétences techniques et expertise en valorisation et stratégie, celui qui a été référent national viticulture pour les chambres d’agriculture de 2010 à 2021 n’a pas quitté ses fonctions sans adresser d’ultimes pistes de réflexions à la filière viticole ligérienne. « Il faudrait conduire les négociants à travailler sur leurs chiffres afin de partager les références sur les coûts de production, et faire intégrer à la filière qu’en-dessous d’un certain seuil de prix, la pérennité des entreprises n’est plus assurée », préconise ainsi Michel Badier.
L’ex-chargé de mission rappelle aussi l’impératif de maintenir le potentiel de production (300 ha à replanter par an en Loir-et-Cher selon lui). Face à la pénurie de main d’œuvre, il suggère d’agir « sur la féminisation pour la conduite d’engins par exemple » et de « déringardiser nos intitulés de postes afin de rendre les métiers plus sexy ». Lui qui a connu « une succession de crises viticoles en 40 ans » sait combien l’époque présente une pluralité de défis, climatiques, économiques, techniques…et que, plus que jamais, « rien n’est acquis ».
*: Il s'agissait de villard noir 18315, seibel 54/55, landot, terrasse...