Nous évaluons actuellement un biopesticide très prometteur contre les maladies du dépérissement de la vigne » décrit Marie-Cécile Dufour, de l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae).
Dans le cadre du projet BIOBESTicide, porté par la société privée française Greencell, qui produit l’oomycète, en partenariat avec l’Institut Français de la Vigne (IFV), les pépinières Mercier, et 7 autres partenaires européens*, l'ingénieure espère fournir à la filière viticole un biopesticide efficace et rentable contre les maladies du dépérissement de la vigne.
Ce microorganisme, identifié et isolé dans le sol de vignobles girondins à l’occasion d’une thèse Ciffre, agit de façon complexe notamment en préventif en stimulant les défenses de la plante.
Dans ce projet, la société GreenCell souhaite accroître ses capacités de production, notamment en valorisant des biomasses durables telles que la pulpe de betterave et la mélasse de sucre, de son côté la société italienne Lamberti est chargée de formuler le produit, pour optimiser son effacité au vignoble.
« Dans des essais en serre, l’oomycète appliqué au sol réduit la taille des chancres et nécroses dans le bois produit lors du processus de dépérissement de 40 à 60 %. Nous avons même atteint 80 % cette année avec la dernière formulation testée » assure Marie-Cécile Dufour, qui le teste aussi sur la plateforme expérimentale BC2Grape, dédiée à l’évaluation des produits de biocontrôle de la vigne, sur de petites parcelles aux châteaux Couhins et Luchey-Halde.
Le projet s’arrêtera fin 2023, après 42 mois. Un dossier d’approbation de la substance active et un dossier d’homologation à l’échelle européenne seront déposés. L’autorisation de mise sur le marché (AMM) de la substance active ne devrait toutefois pas tomber tout de suite car, si l’efficacité de l’oomycète est facile à démontrer sous serre, elle sera plus longue à prouver aux vignobles, les maladies du dépérissement étant progressives et prenant des formes différentes selon les millésimes, les résultats sont plus difficiles à obtenir.
« L’IFV, partenaire également dans ce projet européen lancera sa campagne d’ essais à grande échelle dans le Val de Loire, le Sud-Est et en Aquitaine en 2023 mais nous n’aurons certainement leurs résultats que dans plusieurs années » reprend Marie-Cécile Dufour.
Les pépinières Mercier travaillent également de leur côté. « L’idée est de voir si une application en pépinières pourrait protéger les greffons du dépérissement qui seront plantés par les viticulteurs ».
Quoiqu’il en soit, les vignerons devront continuer à appliquer le microorganisme une fois par an en début de campagne pour qu’il colonise les racines de la vigne.
La solution sera vendue par Greencell et plusieurs distributeurs européens.
*Greencell, Lamberti, Tecnalia, IFV, Inrae, Pépinières Mercier, Eurion, Ciaotech, Zielona Chemia, Nordzucker