e loin, on croirait voir un planeur. Mais c’est bien un chenillard, flanqué de deux rampes, qui circule depuis peu dans le vignoble de Chablis. « On faisait de la biodynamie sur les grands crus uniquement, et on voulait faire plus de surface. On a donc pensé à un appareil permettant de remplacer deux personnes, et on a investi dans cette petite chenillette, dans l’idée de l’adapter à la biodynamie. Donc avec batterie embarquée, pour pouvoir alimenter les moteurs électriques», relate Anthony Blescher, le concepteur.
Le chef de culture du domaine Laroche (90 hectares à Chablis) a monté sur l’engin deux rampes, de fabrication maison : « ce sont des barres d’acier classiques, qui coulissent les unes dans les autres, avec un axe pour pouvoir les déplier ». Au bout de chaque rampe, un moteur... d’essuie-glace. « C’est pour reproduire le mouvement du bras. L’idée m’est venue dans d’autres domaines, qui en avaient monté sur enjambeurs. On les a acheté à environ 80 € l’unité. » Et de prévenir : « Il faut un moteur spécifique, qui fait un va et vient, pas un qui tourne en permanence avec système de bielle. » Pour acheminer la préparation biodynamique jusqu’aux buses, Anthony Blascher a installé « une pompe à eau électrique, avec une vanne qu’on a réglé ».
Hors chenillette, le système s’avère plutôt bon marché. « Il y a pas mal de récup. On est à moins de 1 000 € au total. Cela représente juste un peu de temps de conception et de soudure. »
L’engin fonctionne à débit et vitesse constants. « Je vais de 4 à 6 km/h, comme à pied. Mais l’avantage est qu’on peut traiter 18 rangs d’un coup, soit le travail de deux personnes. » Et jusqu’ici, ça fonctionne bien. « La qualité d’application paraît satisfaisante. Mais on n’en est qu’au début. Je l’ai conçu en 2021, on n’a pu faire qu’une application d’automne et une de printemps. On aura plus de recul à l’avenir. » Ce qui n’empêche pas un certain intérêt des confrères «On nous a déjà demandé de la prestation ! », confie Anthony Blescher.