e 2 septembre, c’était jour de tournée de vendanges pour le préfet de l’hérault Hugues Moutouh, aux côtés du président de la chambre d’agriculture départementale Jérôme Despey. Et les caves choisies (domaine de Puilacher et coopérative Clochers et Terroirs) au sein de la commune de Puilacher ne devaient rien au hasard. Au regard de l’année sèche et caniculaire qui vient de sévir, c’est en effet le sujet de l’eau et de la nécessité de retenues hivernales que le président de la chambre d’agriculture héraultaise (CA 34) avait choisi de mettre particulièrement en avant.
« Parler d’eau en agriculture, c’est parler d’efforts payés à un juste prix, c’est parler de souveraineté alimentaire. Il y en a marre de ces gens qui argumentent sur des plateaux télé climatisés pendant la sécheresse et qui ne savent pas ce qu’est l’agriculture. Les retenues hivernales ne doivent plus être un problème lorsqu’il s’agit de stocker une partie des milliards de m3 d’eau qualitative qui tombent en hiver. Nous avons 80 000 ha de vignes dans l’hérault, si rien n’est fait nous serons à 40 000 ha en l’espace de quelques années », introduit-il rapidement.
Puilacher est un exemple emblématique des possibilités offertes par l’irrigation depuis les retenues d’eau, puisqu’en décembre 2022, aboutira un projet dont les premières bases ont été jetées en 2009. Le réseau nécessaire à l’irrigation de 550 ha de vignes sera alors finalisé pour être utilisable par les vignerons de 4 communes, dont Puilacher, dès le mois de mars 2023. « Le prélèvement de l’eau se fera dans le fleuve hérault dans le plafond de 900 m3/hectare/an, puis en 2024, deux autres projets de 300 ha et 560 ha de vignes dans des communes voisines aboutiront également », explique Alexandre Boudet, élu de la CA 34 en charge de la commission ressource en eau. Si elle est prélevée dans l’hérault, l’eau provient initialement du lac du Salagou, relarguée dans la lergue, rivière affluente de l’hérault. « La création de cette retenue dans les années 1960 avait été pensée pour une finalité d’irrigation agricole, c’est un juste retour des choses. Lorsque les 3 projets seront finalisés en 2024, cela correspondra à 2,5 millions de m3/an fléchés exclusivement pour l’agriculture dont nous disposerons, et 500 000 m3 pour l’eau potable et le milieu », ajoute Alexandre Boudet.
Les intervenants soulignent que la concrétisation de ce projet sécurise 20 000 hl de potentiel de production de vin. Mais pour Jérôme Despey, « nous n’avons plus 12 ou 13 ans devant nous pour mener à terme ce type de projets, le changement climatique est on ne peut plus concret et il faut lever les verrous administratifs et environnementaux qui empêchent de faire avancer ces retenues essentielles au maintien de la production de nos vins, autant pour le maintien des volumes que pour leur niveau qualitatif ». L’Hérault apparaît pourtant comme un département moteur avec la mise en route, depuis 2018, du plan Hérault Irrigation 2030. « 9 sites sont identifiés pour des retenues dont 3 entrent dans la période de concertation publique. En 2030, nous visons d’arriver à presque 25 000 ha irrigués, sachant que ces retenues ont également un sens face aux incendies récurrents de l’été », appuie Yvon Pellet, vice-président du conseil départemental de l’Hérault délégué à l'économie agricole et à l'aménagement rural.
Le soutien de l’Etat apparaît incontournable et le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh se montre favorable à ces initiatives structurelles concernant l’eau « sur lesquelles l’Etat a pu se montrer défaillant dans son accompagnement des 30 dernières années, il faut accélérer le rythme pour ne pas avoir à pleurer dans 20 ans ». Dans l’hérault, la volonté politique des trois députés et deux sénateurs venus assister à cette tournée va unanimement dans le sens des demandes. Le député de la 4ème circonscription Sébastien Rome (LFI-Nupes) insiste néanmoins « sur la nécessité de préserver le cycle de l’eau et garder un contrôle détaillé sur l’utilisation de cette ressource commune et d’installer, à l’image de ce qui a été fait avec le lac du Salagou, des retenues qui s’inscrivent entièrement dans l’écosystème du territoire ».