mateurs et collectionneurs de vins connaissent le classement de 1855, les investisseurs tablent sur le placement de 3 à 5 % net par an. C’est du moins la promesse du négociant bordelais U’Wine, qui lance la troisième édition de son offre d’investissement défiscalisée : U’Wine Grands Crus (UWGC3). Mettant en vente 750 000 actions de cette filiale (à un prix de 10 € l’action, pour une souscription minimale de 10 000 €) pour investir 80 % des fonds dans des achats de grands crus (primeurs 2022 et allocations 2019 à 2021 de Bordeaux, ainsi que des vins « de Bourgogne, de la Vallée du Rhône, d’Italie et des autres grands terroirs »), le négoce compte réitérer les levées de ses deux précédentes éditions (avec 18,66 millions d’euros sur UWGC en décembre 2015 et UWGC 2 en novembre 2021). « Nous n’avons pas encore de rendement à ce jour car le premier rachat de parts concernant la première tranche d’actionnaires de la société U’Wine Grands Crus aura lieu en octobre 2023. Nous avons toutefois un objectif de performance compris entre 3 et 5 % net par an » indique à Vitisphere le négoce U’Wine (revendiquant la gestion de 685 000 bouteilles estimées à 32 millions €).
Pour renforcer l’attractivité de cette offre, le négoce fondé par Thomas Hébrard précise dans sa communication aux « investisseurs privés (la plupart du temps résidents fiscaux français pour les personnes physiques) » qu’ils pourront profiter de « différents dispositifs fiscaux (sous conditions) comme la réduction d’impôt sur le revenu, à travers le dispositif de la loi Madelin, prévue par l’article 199 terdecies-0 A du code général des impôts (CGI) ». Car « dans le cas d’un investissement au capital de UWGC 3, l’investisseur devient actionnaire de la société et détient donc des actions, qualifiées de "valeurs mobilières" par l’administration fiscale. Lors de la liquidation de la société au bout des 8 ans, qui correspond à la fin de l’investissement, nous remboursons les actionnaires du boni de liquidation, avec si tout se passe bien une plus-value. Cette plus-value sera imposable et soumise au régime des plus-values mobilières : Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU ou flat-tax) de 12,8% auquel il convient d’ajouter 17,2% de prélèvements sociaux, soit 30% au total ou bien option pour le barème progressif à l’Impôt sur le Revenu » précise à Vitisphere U’Wine.


Vu de la base du la pyramide du vignoble bordelais, voilà de quoi accentuer l’impression de déconnection de la locomotive des grands crus classés, gravitant dans des stratosphères toutes financières. « Ces offres de placement existent depuis longtemps en France et dans d’autres pays (au Royaume-Uni, notamment), et ne concerne pas que les grands crus de Bordeaux » pointe un propriétaire bordelais, notant que « c’est une partie des affaires, qui concerne une minorité de crus, qui font figure de placement, valeur refuge, produit de spéculation… Comme d’autres biens. »
Autre opérateur de l’investissement dans les vins, Cavissima indique à Vitisphere ne pas proposer à date* d'investissement ouvert à de la défiscalisation, mais comme « le vin est assimilé à un bien meuble au titre fiscal du terme : les biens meubles sont assujettis à l’impôt sur la plus-value dès l’instant où le lot vendu comporte au moins une bouteille dont le prix de cession est supérieur ou égal à 5 000 €. Ces dispositions s’appliquent, cession par cession, quelle que soit la nature du bien. Un abattement de 5 % par année de détention au-delà de la deuxième est accordé par l’administration fiscale. »
* : « Nous n'écartons aucune piste concernant ce sujet. Nous faisons régulièrement évoluer nos offres pour tenir compte des retours de nos clients » indique Cavissima.