e bureau exécutif du Comité Champagne a décidé que le rendement 2022 serait de 12 000 kg/ha. Soir le rendement le plus élevé depuis dix ans. « Nous prévoyons, pour l’année 2022, des ventes à 325 millions de bouteilles, précise David Chatillon, président de l’Union des Maisons de Champagne et co-président du Comité Champagne. Sur le premier semestre 2022, nous avons vendu 130 millions de cols, soit une progression de 14 % par rapport au premier semestre 2021. Et sur les 12 mois glissants à fin juin, les ventes s’élèvent à 336 millions de bouteilles. Mais nous entrons dans les mois où les ventes de 2021 redevenaient dynamiques, ce qui explique cette projection de 325 millions de bouteilles pour 2022 ».
David Chatillon estime que ce rendement est un message d’optimisme raisonnable. Pour Maxime Toubart, président du syndicat des vignerons et co-président du Comité Champagne, « ces 12 000 kg/ha permettent de respecter les accords interprofessionnels de fournir de la matière au négoce et de partager la valeur ajoutée entre les deux familles ». Ce niveau de rendement a également été décidé pour remonter le niveau de stock. « Il est actuellement de 3,5 ans, souligne David Chatillon. Son seuil optimal est de 3,8 ans ».
Le bureau exécutif a également créé un nouveau dispositif de réserve : la sortie différée de réserve, également dénommée le crédit réserve, qui sera effectif dès la vendange 2022. Ce nouveau système vise à atteindre chaque année le rendement commercialisable fixé par le Comité Champagne.
Prenons l’exemple d’un viticulteur ayant récolté 5 000 kg/ha en 2021 et dont la réserve individuelle (RI) était de 2 000 kg/ha. Son déficit de récolte était de 3 000 kg/ha en 2021 (10 000 kg/ha de rendement autorisé en 2021- sa récolte de 7 000 kg/ha). Ce viticulteur pourra dès cette année bénéficier d’un crédit de réserve de 3 000 kg/ha. Il pourra, comme tous les vignerons ayant leur RI à reconstituer, vendanger jusqu’au rendement butoir de 15 500 kg/ha (12 000 kg/ha, plus 3 500 kg/ha de RI). Et sa récolte sera cette année de 12 000 kg/ha + 3 000 kg/ha de crédit réserve. 500 kg/ha pourront être affectés à sa RI. Ce crédit de réserve est valable pendant les trois années qui suivent la récolte déficitaire. Le plafond de la RI reste inchangé à 8 000 kg/ha.
La Champagne demande par ailleurs à l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) de pouvoir exceptionnellement augmenter son rendement butoir de 1 000 kg/ha, à 16 500 kg/ha, pour favoriser la reconstitution des RI suite à l’année 2021 très déficitaire. La réponse de l’INAO, qui devra être validée par le ministère de l’Agriculture, devrait être connue prochainement.


Le bureau exécutif a par ailleurs validé une augmentation des moyens du Comité Champagne, de plusieurs millions d’euros. « Nous allons réengager des fonds dans la recherche et le développement sur nos deux sites expérimentaux pour accompagner la filière face aux défis climatiques, précise David Chatillon. Nous allons également peaufiner la RI et réfléchir à d’autres outils, partant du principe que quand il y a des raisins il faut les récolter. Nous allons travailler sur la désirabilité du champagne, pour qu’il conserve sa place unique et nous allons poursuivre notre travail de protection de l’appellation ». Le détail des actions menées, de leur calendrier et de leur budget, sera annoncé dans quelques mois.
Les dates de vendanges seront connues le 20 août. La récolte s’annonce pour l’instant généreuse, avec un potentiel agronomique moyen de 14 500 kg/ha.