ans les vignobles de Lorraine, entre les AOC Moselle et côtes de Toul, le débourrement s’est fait de manière précoce. « C’est devenu une caractéristique assez habituelle dans notre zone, mais c’est souvent suivi de températures plus fraîches qui ralentissent la végétation. Or, ça n’a pas été le cas cette année », explique Norbert Molozay, vigneron au château de Vaux, à Scy-Chazelles, en Moselle.
« La sortie d’hiver a été très sèche », présente Maxime Tolle, conseiller viticole à la Fredon Grand-est et ingénieur réseau du groupe Dephy viticulture de Lorraine. Mais une succession de petites pluies a permis de reconstituer des réserves hydriques que Norbert Molozay estimait en déficit. Maxime Tolle estime à présent qu’il n’y a aucune inquiétude à avoir. Un passage de grêle a même traversé le vignoble des côtes de Toul le 23 mai, « occasionnant des dégâts sur la végétation de quelques parcelles, les inflorescences semblant avoir été globalement préservées, même si nous ne pourrons le vérifier que dans quelques jours », note Maxime Tolle.
Si la succession de pluies a rassuré les esprits quant au risque de stress hydrique, elle conduit Maxime Tolle à la vigilance concernant le risque mildiou. « Il a jusque-là été inexistant mais les conditions d’humidité liées à ces pluies peuvent changer la donne. L’année est pour l’instant plus favorable à l’oïdium qu’il faut surveiller de près sans se rater sur les interventions », ajoute le technicien viticole de la Fredon Grand-Est. Norbert Molozay précise en effet que certains cépages du vignoble lorrain « comme le chardonnay, l’auxerrois, mais surtout le Müller-Thurgau, que nous sommes les seuls à cultiver en France », sont sensibles à l’oïdium et qu’il faut donc se montrer précautionneux. « D’autant que nous nous sommes fait bien déborder par l’oïdium lors de la campagne précédente, les vignerons ont donc redoublé de vigilance cette saison », appuie le vigneron de Scy-Chazelles.
La floraison touche à sa fin sur l’ensemble du vignoble et Maxime Tolle que toutes les vignes auront atteint le stade de la nouaison d’ici le 20 juin. Comme dans beaucoup de vignobles, la pousse accélérée de la végétation ce printemps a quelque peu chamboulé les habitudes de travaux en vert. « Nous avons été obligés de prioriser en arrêtant les ébourgeonnages et épamprages pour pouvoir relever la végétation. J’ai repris les ébourgeonnages ensuite. Je viens de les terminer », situe celui qui est aussi président de l’AOC Moselle.
S’il devrait être moins intense que dans les vignobles méridionaux, l’épisode de chaleur attendu cette mi-juin pousse Norbert Molozay et ses confrères à décaler le travail de rognage « pour maintenir le plus de feuillage possible et protéger les grappes », avalise le vigneron qui se satisfait également de la belle sortie de l’année. Maxime Tolle précise néanmoins que ce travail d’aération du feuillage devra être fait pour favoriser la circulation d’air vers les grappes dans un vignoble normalement caractérisé par des nuits fraîches et une humidité matinale.
En charge du comptage des vols au sein de son réseau de parcelles référentes, Maxime Tolle n’a pas relevé grand-chose pour la 1ère génération de tordeuses, à présent terminée. « Il n’y a pas de larves mais des glomérules sont visibles, il faudra donc être attentif à la 2ème génération », relance-t-il. Les conditions d’un bon millésime, qui s’annonce plutôt précoce, semblent pour l’heure réunies dans le vignoble de Lorraine.