Ce sont nos clients les plus précieux ! ». Yves d’Amécourt, vigneron à Sauveterre-de-Guyenne, n’y va pas par quatre chemins pour résumer l’intérêt de fidélisation de sa clientèle généré chaque année par deux mises en bouteilles spécifiques qu’il réalise, depuis plus de 20 ans, à l’intention de ses clients directs : ‘la mise des amis’ et ‘la mise de printemps’. « Nous prévenons nos client à l’avance par mailing et courrier pour leur permettre d’organiser leur commande avant ces mises. Ils bénéficient ainsi d’une remise importante et d’une exemption des frais de port s’ils commandent à la palette », décrit le vigneron
« Originaire de l’ouest de la France, je me souvenais d’une tradition assez implantée dans mon enfance: plusieurs familles se groupaient pour acheter une barrique de vin, qu’elles se partageaient ensuite pour mettre en bouteilles leur consommation de plusieurs mois. J’ai donc voulu renouer avec ce principe du partage et d’optimisation des coûts pour nos clients qui consomment nos vins tout au long de l’année », déroule le vigneron de la Scea Famille d’Amécourt, à Sauveterre-de-Guyenne.
Tout a commencé avec le millésime 2000, à l’occasion des mises en bouteilles prévues à l’automne 2001. « Nous avons sollicité nos clients enregistrés dans notre fichier pour leur proposer une cuvée personnalisée leur permettant un prix avantageux et des frais de port offerts pour une commande à la palette (600 bouteilles, ndlr) », reprend Yves d’Amécourt.
Lorsqu’il lance cette idée, le vigneron dispose d’un solide réseau de clients directs dans sa région d’origine, entre Sarthe et Loire-Atlantique. La formule trouve assez rapidement un public qui, de surcroît, relaie l’intérêt de ces commandes groupées à son entourage. « Il y a eu un petit effet boule de neige qui nous a assez rapidement fait atteindre plus de 20000 bouteilles annuelles, réparties entre les deux mises de printemps et d’automne. Mais depuis les années 2000, le type de clientèle a évolué », note le vigneron de Sauveterre-de-Guyenne.
Si les clients des débuts avaient plutôt des profils de consommation régulière au quotidien, le vigneron retrouve aujourd’hui majoritairement des types de consommateurs plus occasionnels « mais désireux de fonctionner dans des circuits plus directs en lien avec le producteur, tout en profitant du tarif avantageux », ajoute le vigneron. La pandémie et les confinements Covid ont marqué un regain d’intérêt pour ce circuit de commande, et le producteur girondin a ainsi renforcé son réseau de clientèle dans la grande région parisienne, « alors que nous avions jusque-là une clientèle moins urbaine ».
Avec un peu plus de 20 000 bouteilles vendues via ce canal sur les 600 000 produites annuellement par la famille d’Amécourt, ce débouché reste secondaire sur le plan financier. « Mais c’est notre marché le plus précieux dans la relation directe qu’il génère. Pour une commande à la palette, nous offrons une remise de 30 % et les frais de transport. Plus qu’un levier de croissance à développer, nous y voyons un débouché stable qui n’a pas d’équivalent en terme de notoriété, de fidélisation et de relais sur le terrain, c’est pourquoi nous en sommes pas prêts d’y mettre fin », valide Yves d’Amécourt.
Pour aller au bout de l’idée du circuit court et direct, le vigneron aimerait pouvoir disposer d’une clientèle géographiquement plus proche, « mais nous sommes limités sur ce plan car principalement entourés d’autres vignerons, ce n’est pas l’offre qui manque dans notre région », sourit-il.
Seule entorse à l’idée de départ, la famille d’Amécourt a abandonné en cours de route l’étiquette personnalisée ‘Réserve des amis’ qu’elle apposait initalement sur les bouteilles vendues par ce canal. « C’était plus cohérent de proposer notre étiquette classique, pour renforcer l’intérêt lié à la remise et le bas prix du transport », convient Yves d’Amécourt.