l s’agit d’ores et déjà d’un record, mais de mauvais augure : depuis la mi-octobre 2021, il est tombé moins de 200 mm de pluie à Orange… contre 400 mm environ sur les vingt dernières années, d’après l’Institut rhodanien. Soit « deux fois moins d’eau pour recharger la réserve des sols ». Ce 7 juin, l’institut observe que le déficit hydrique (différence entre la quantité d’eau reçue et celle transpirée par la végétation) a déjà atteint le niveau observé en juillet 2019 et 2020, qui étaient deux années sèches. En terme de précocité comme d’intensité, le déficit hydrique du millésime en cours s’annonce donc record. Il est particulièrement sévère dans la partie méridionale, alors que les reliefs de part et d’autres du Rhône restent relativement épargnés.
Les quelques millimètres tombés en fin de semaine dernière n’ont eu aucun impact sur le stress hydrique.
« Malgré le manque d’eau, la phénologie avance toujours », indique Carole Puech, chargée d’études à l’Institut Rhodanien. Sur certaines parcelles cependant, un tiers à la moitié des apex sont en ralentissement de croissance et des défoliations commencent à être observées par endroits.
Dans ce contexte jugé « alarmant », l’Institut rhodanien publie chaque début de semaine, en juin et juillet, un « bulletin de stress hydrique » consultable en ligne (Le journal 2022 du stress hydrique en Côtes du Rhône). Celui du 7 juin indique que d’après les modélisations, la fraction d’eau disponible dans les sols médians passerait cette semaine sous les 40 % : assez bas pour avoir un impact sur la croissance de la vigne. Cette fraction d’eau disponible ne serait déjà que de 20 % dans les sols superficiels, alors que les baies de raisin ne sont pas encore développées.
L’Institut rhodanien se lance également dans la cartographie de la réserve utile en eau des sols. « Avoir une connaissance plus fine de ses sols permettra d’adapter les choix de conduites, de plantations, de travail du sol… », explique Romain Lacroix, en charge du projet qui vient de démarrer.
En raison du déficit pluviométrique record enregistré sur les parcelles sentinelles, l’irrigation est autorisée depuis le 3 juin. Mais moins de 20 % des parcelles en Côtes du Rhône sont irrigables.