osée Vanucci n’est pas mécontente : « je regarde ma vigne, elle est belle. Les racines sont bien ancrées dans le sol. Il y a des pampres. La floraison est finie sur certains cépages ». Reste que la vigneronne à la tête de Clos Fornelli, 40 ha, à Tallone, à mi-chemin entre le nord et le sud de la Corse, se veut prudente : « Ces jours-ci nous vivons des journées caniculaires. Ma plus grosse crainte, c’est le blocage de maturité si la sècheresse continue sur ce rythme. Une situation que l’on a déjà connue en 2017 » se souvient-elle. Pour atténuer les effets de ces fortes températures, Josée Vanucci s’est adaptée en pratiquant régulièrement moins de rognage, en adoptant des ports retombants. Et n‘a pas hésité à semer des fèveroles.
Quant à donner les spécificités de ce millésime, la viticultrice ne s’y risque pas : « C’est compliqué de se prononcer, c’est encore trop tôt ».


Pierre Albert Spaccesi, conseiller viticulture à la chambre régionale d’agriculture de Corse, qui arpente le vignoble, le constat est clair : « On vit une grosse accélération du stade végétatif. La floraison est terminée laissant place à la nouaison. En fait il y a 15 jours d’avance. L’état sanitaire est bon, avec très peu de pression phyto. Nous nous acheminons vers une très belle récolte avec des volumes normaux. Habituellement on est à 40 à 45 hectos/ha. On pourrait atteindre 35 hectos/ha ». Malgré rien n’est joué : « S’il n’y a pas un peu d’eau en juillet, et sans rosée matinale, on ira vers un fort stress hydrique. Sur certains cépages, c’est déjà le cas, on observe des phénomènes de stress hydrique notamment sur de jeunes vignes » indique-t-il. Or, depuis trois semaines, aucune pluie n’est venue sur le vignoble corse. Les températures de ce début juin, sont comparables à celle enregistrées en plein mois d’août. « Les deux derniers mois de juillet et août vont être décisifs. On est sur un château de carte » prévient Pierre-Albert Spaccesi.