On ne sait plus à qui s’adresser pour trouver de la main d’œuvre. Il est très compliqué de recruter et de garder les salariés. Un de mes employés vient de quitter mon exploitation ». Vigneron à Monthou-sur-Cher (Loir-et-Cher) Cyril Desloges fait face, comme tant d’autres exploitants agricoles, à des difficultés récurrentes de recrutement. Conscients du problème, les élus du Conseil départemental du Loir-et-Cher ont décidé de verser une aide forfaitaire de 150 €, à titre expérimental, jusqu’au 31 décembre 2022 « à tous les Loir-et-Chériens inscrits dans un parcours d'insertion reprenant une activité salariée dans le domaine agricole ou viticole et répondant à des critères de ressources ».
La mesure vise tout particulièrement les personnes allocataires du Revenu de Solidarité Active (RSA). Elle doit permettre de « lever les freins financiers liés aux frais engendrés par une reprise d'activité », tels que les achats d’équipements ou de vêtements professionnels, les frais de repas, d’hébergement, de garde d’enfants. « Cette aide n’est pas conditionnée à une durée minimale d’activité et concerne tous les métiers en agriculture et viticulture, y compris les plus qualifiés », précise Laurent Depeyrot, animateur territorial d’insertion au Conseil départemental du Loir-et-Cher. Ces 150 € ne seront toutefois pas accordés en cas de renouvellement de contrat saisonnier sur deux années consécutives sur la même exploitation. L’objectif est d’inciter à la reprise d’activité et à la réinsertion : ces 150 € sont « cumulables avec le dispositif d’intéressement du cumul RSA + revenus d’activité », souligne le Conseil départemental.
Cette possibilité de cumuler le RSA avec un emploi de saisonnier n’est pas nouvelle dans le Loir-et-Cher. Elle avait été lancée en 2019 pour faciliter les recrutements de vendangeurs. « Mais cela n’avait pas fonctionné, la mesure n’avait concerné que très peu de personnes, indique Isabelle Defrocourt, directrice de la Fédération des associations viticoles FAV 41. Nous n’avions pas sollicité le Conseil départemental pour relancer ce dispositif, et son service d’insertion n’est pas revenu vers nous pour communiquer sur le sujet ». C’est au saisonnier, allocataire du RSA ou inscrit à Pôle Emploi, de demander cette aide au département.
Pour Nicolas Bougrier, directeur général de la maison de négoce éponyme et qui possède plusieurs domaines en Loir et Cher, cette mesure « est une bonne idée ». « Je vais en informer notre directeur technique. Comme tout le monde, nous avons des soucis de main d’œuvre. Tout ce qui peut permettre d’attirer des gens pour travailler dans les vignes est positif. Il faut explorer toutes les pistes ». Cyril Desloges pour sa part ne cache pas son scepticisme : « cette aide ne peut pas faire de mal, mais je ne connais personne au RSA qui demande à travailler ».
Le service insertion du Conseil départemental du Loir-et-Cher va suivre les bénéficiaires de l’aide pendant six mois.