En dehors de problèmes logistiques, qui perturbent nos expéditions vers le Kazakhstan par exemple parce que le chemin de fer passe par la Biélorussie et la Fédération russe, nous n’avons pas subi d’impact négatif de la guerre en Ukraine », explique, soulagé, Viorel Garaz, directeur de la plus grande cave d’Europe, Milestii Mici en Moldavie. Tout en reconnaissant que la taille des caves moldaves – Milestii Mici peut stocker jusqu’à 6,5 millions d’hectolitres avec plus de 200 kilomètres de galléries souterraines – rend difficile la réorientation des exportations vers d’autres marchés, Viorel Garaz pointe les gros efforts qui ont été consentis ces dernières années pour développer de nouveaux marchés ; d’ailleurs, 46 entreprises ont participé à ProWein. Résultat : la Chine se place désormais en tête des destinations à l’export de cette cave fondée en 1969, qui appartient toujours à l’Etat moldave. « Milestii Mici se positionne comme l’un des plus gros exportateurs moldaves vers la Chine, mais l’ensemble du pays a tiré profit de cette ouverture. De plus, les positionnements prix en Chine sont intéressants ».
S’il refuse d’attribuer ce succès sur le marché chinois au départ de l’Australie, le directeur de la cave se défend aussi de vouloir suivre l’exemple australien, et mettre tous ses œufs dans le même panier. « Nous mettons beaucoup l’accent sur la Roumanie, par exemple, parce que nous recevons beaucoup de visiteurs roumains et nos vins sont bien connus sur ce marché-là ». L’oenotourisme, aussi, fait partie des axes stratégiques prônés par la cave : « Nous venons de commencer la construction d’un restaurant souterrain, à 60 mètres de profondeur, avec des salles de conférence et un hôtel. Le restaurant devrait être prêt d’ici 3 ou 4 mois alors que l’hôtel ouvrira ses portes sans doute en 2023 ».
Même son de cloche chez les homologues géorgiens. « La diversification des marchés représente une orientation clé pour nous », confirme Nini Mchedlishvili, responsable marketing de l’agence nationale du vin géorgien, qui avait amené une délégation de 24 entreprises à ProWein. Fort de ses exportations record en 2021 – avec 107 millions de bouteilles exportées vers 62 pays – le secteur vitivinicole géorgien a défini 8 marchés export stratégiques que sont les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon, la Pologne, le Royaume-Uni, la Chine, la Corée du Sud et les pays baltes. « L’ensemble de ces 8 marchés progressent fortement », se félicite la responsable marketing, notant par ailleurs que beaucoup d’entreprises commercialisent leurs vins aussi sur le marché domestique.
Interrogée sur l’impact des vagues de confinement sur le marché chinois, elle en relativise les conséquences : « Certes, nous ne pouvons pas expédier nos vins vers Shanghai actuellement, mais nous passons par Shenzhen. Nous ciblons beaucoup de grandes villes chinoises avec une couverture nationale donc aucun de nos événements n’a été annulé ». Si les efforts consacrés ces dernières années à Hong Kong seront progressivement réorientés vers la Chine continentale, « pour éviter les problèmes à Hong Kong », la Corée du Sud se montre de plus en plus porteuse. Globalement, l’objectif est de se focaliser sur les marchés les mieux valorisés pour, entre autres, venir en aide aux primo-exportateurs « qui ne peuvent pour l’heure augmenter leurs prix sur les marchés existants, malgré la hausse des coûts de production ». Même si la Russie reste un marché important pour les vins géorgiens, les producteurs ont mis un point d’honneur à soutenir le peuple ukrainien : « Certains producteurs ont pris la décision personnelle de ne plus exporter vers la Russie en signe de soutien aux Ukrainiens », souligne Nini Mchedlishvili, qui rappelle que le secteur souhaite dans tous les cas mettre fin à sa dépendance au marché russe. « Ce processus est très lent, mais il porte ses fruits ».