Jean-Jacques Jarjanette : On voit des forces s’opposer. Le ministère de l’Écologie et de la Transition qui porte des exigences fortes avec les ONG. Le ministère de l’Agriculture et les filières sont attentifs aux répercussions sur l’activité des certifiés de toute modification. Il faut un arbitrage entre une position maximaliste et le message de transition écologique que nous portons.
Il va y avoir une autre CNCE pour rendre ses conclusions au ministre. Mais il n’y aura pas de décisions avant le second semestre, des études devant être rendues.
Concrètement, la CNCE discuterait de suppression de la voie B (comptable, quand la voie A recense les actions agroécologiques), d’interdiction des produits phytosanitaires classés Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques (CMR), de révision des critères de biodiversité ou des Indices de Fréquence de Traitement (IFT)…
Les équilibres de force sont en train de se faire. Notre association se bat pour le maintien en l’état des IFT de la vigne, considérant qu’il est trop tôt pour modifier les règles du jeu sur ce qui a été la filière pionnière de la HVE. Il faut être prudent, on peut casser la dynamique si l’on n’y prend pas garde. Mettre une marche trop haute empêcherait d’amener le plus de producteurs vers la transition écologique. On ne peut pas passer au grand soir d’un coup !
L’ambition de la HVE, c’est d’être un outil de transition écologique qui peut avoir une ambition et un impact importants. L’objectif de la démarche est de faire progresser la plus grande partie des 90 % d’agriculteurs français qui ne sont pas en bio. Il ne faut pas se tromper.
L’opposition entre bio et HVE reste forte…
Beaucoup de gens n’ont pas compris, ou ne veulent pas comprendre, que la HVE a vocation à certifier l’agriculture conventionnelle. Certains n’ont de cesse de vouloir recréer les exigences de la bio. Mais pour quelle raison recréer la bio, avec les mêmes contraintes et les mêmes résultats ? Il y a une multiplicité de modèles qui doit être conservée : c’est un sujet complexe. Il faut en finir avec la vache sacrée qui donne le sentiment qu’en dehors du bio, il n’y a point de salut. L’enjeu, c’est de dissiper l’écran de fumée qui fait croire que l’avenir de l’agriculture française est le bio.