e 2 mai, le rapport d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique de la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan a été rendu par la commission d’enquête au préfet de l’Hérault. Et on ne peut pas dire que les vignerons de l’appellation Picpoul de Pinet aient accueilli ce rapport avec grand enthousiasme.
Depuis la réactivation de ce projet de ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV), dont le tracé traverse l’aire d’appellation Picpoul en l'amputant 73 hectares de vignes, les vignerons et leur organisme de défense et de gestion (ODG) faisaient front commun pour empêcher l’aboutissement d’un tel tracé.
« C’est malheureusement peine perdue aujourd’hui, nous savons que la décision politique est actée et que le tracé ne bougera plus. Le montage financier de cette ligne a été validé par le gouvernement sur la base de ce tracé depuis septembre 2021, nous devons donc maintenant préserver au mieux les intérêts collectifs et individuels des vignerons de l’appellation », avance Laurent Thieule, président de l’ODG Picpoul de Pinet.
Si Laurent Thieule espère encore une « petite marge de manœuvre » dans le sillon du tracé concernant un bassin de décantation de 6 ha, c’est maintenant dans le travail autour du protocole d’indemnisation des expropriés que le syndicat se plonge. « Nous avons entamé cette collaboration avec la Chambre d’Agriculture de l’Hérault pour actualiser au plus juste les fourchettes de prix liées à ces indemnisations. Tout doit être prêt avant que la déclaration d’utilité publique soit annoncée en conseil d’Etat, car SNCF réseau aura ensuite tout pouvoir pour négocier avec la cinquantaine de producteurs concernés par ces expropriations », reprend Laurent Thieule.


Le syndicat travaille également sur les compensations collectives liées à l’impact d’un tel aménagement foncier et paysager sur le terroir de Picpoul de Pinet. Un ilot de 300 ha de vignes va ainsi se retrouver coincé entre la LGV et la déjà existante autoroute A9, pas vraiment en phase avec la carte oenotouristique vantée par les vignerons locaux, avec l’étang de Thau en toile de fond.
« Le département va nous accompagner en mandatant et finançant un cabinet pour mener une étude fine relevant l’ensemble des impacts de la LGV sur la production totale de Picpoul », abonde Laurent Thieule. Il faudra également évaluer le coût global d’aménagement et de réimplantation de nouvelles parcelles sur les 900 ha de surfaces d’appellation qui ne sont pas encore cultivées.
« Sur la totalité des 2 400 ha de notre aire, 1 500 sont plantés en vignes. Il faut maintenant définir et identifier la nature exacte des 900 ha restants (garrigues, zones boisées), leurs propriétaires, et définir le coût de leur aménagement », abonde le président du syndicat. Une réserve foncière a déjà été constituée par la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer), qui a racheté 25 ha de vignes pour pouvoir les proposer en fermage aux premiers vignerons touchés par le début des travaux.
Le syndicat entend dans tous les cas avancer de concert avec les pouvoirs publics pour parvenir aux meilleures compensations possibles pour l’intérêt de ses vins, « qui représentent 85 % des volumes exportés de vins blancs du Languedoc », glisse encore Laurent Thieule. Le syndicat AOC Languedoc travaille donc main dans la main avec celui de Picpoul.
La date de 2029 est avancée pour le début des travaux.