hilippe Durand-Teyssier, le maire de Lalande-de-Pomerol (Gironde), a préféré prendre les devants lorsque quelques éoliennes antigel ont commencé à essaimer autour de vignes du territoire communal, suite au gel d’avril 2021, comme révélé par le journal Sud-Ouest.
Lui-même vigneron (château de Viaud Lalande) au sein d’un conseil municipal comprenant d’autres vignerons, l’édile a fait procéder en juin 2021 à un vote intimant l’obligation d’un système escamotables pour toute installation de ce type d’éoliennes antigel, à l’image de ce qui est fait à Saint-Emilion.


« Nous avions déjà les antennes-relais plus nombreuses que les arbres, il était donc hors de question d’y ajouter toute l’année des éoliennes qui ne servent que quelques matinées par an. Le conseil a voté cette mesure à l’unanimité », explique à Vitisphere Philippe Durand-Teyssier. En plus de la nuisance visuelle, le maire de Lalande souligne l’ambiance sonore du type « terrain d’aviation de la 2nde guerre mondiale » lorsque les hélices sont mises en action, tout en se réjouissant « de leurs effet positifs qui permettent de préserver les récoltes ».
C’est donc plus une mesure de prévention qu’une volonté de nuire aux besoins des vignerons qu’a instaurée le maire de Lalande-de-Pomerol. Xavier Piton, le président de l'AOC Lalande-de-Pomerol explique en effet que les vignerons ont déploré « trois épisodes de gel entre 2017 et 2021, alors que ça n’arrivait que tous les 20 ans jusque-là ».
« J’ai surtout voulu remettre de l’ordre après que certains aient installé des éoliennes sans même prévenir la mairie », reprend le maire, « il y aune démarche vertueuse à respecter en déposant une déclaration préalable auprès de la mairie, qui est ensuite soumise à l’approbation de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer, ndlr) ».
Si les quelques éoliennes fixes installées avant cette délibération municipale ne semblent pas menacées de démantèlement, toutes les nouvelles installations devront être en conformité avec le verdict municipal. « C’est un investissement conséquent et, depuis juin dernier, nous n’avons eu aucune remontée de vignerons auxquels on aurait demandé un remplacement d’une installation fixe par une version escamotable », rassure Xavier Piton.
Il indique par ailleurs que la solution de lutte par le brulage et les bougies reste encore privilégiée par les vignerons locaux. Le parcellaire local est en outre très morcelé, « nous sommes donc plutôt orientés dans une réflexion d’ordre collectif concernant ces installations antigel, car une éolienne n’aurait vraiment d’intérêt que pour plusieurs propriétaires situés dans sa zone d’action ». Le syndicat travaille donc sur le recueil d’utilisateurs de différents dispositifs dans d’autres régions afin de proposer à ses vignerons l’installation la plus adaptée à leurs besoins.