ans le département des Pyrénées-Orientales, les volumes 2021 des vins AOP et IGP du Roussillon affichent un retrait de 16 % par rapport à la moyenne quinquennale (hors 2021). Ils restent cependant supérieurs à ceux de la récolte 2020. « Plus que le gel, c'est la sécheresse estivale qui a fortement affecté la récolte 2021 dans le Roussillon. Cela permet également de mettre en relief combien les attaques de mildiou ont eu un impact négatif sur la récolte 2020, inférieure à celle de 2021 dans le Roussillon », situe Roxane Cadeil, responsable du service économie du Conseil Interprofessionnel des Vins du Roussillon (CIVR).
En ne tenant pas compte des volumes d’AOP Languedoc et IGP Pays d’Oc qui sont tout de même produits dans le département des Pyrénées-Orientales (environ 15 % des volumes), le volume des AOP secs, doux et IGP du Roussillon s’élève à 438 630 hl, soit une moyenne de rendements de 27 hl/ha. « A noter que les deux IGP départementales (côtes catalanes et côte vermeille) représentent quasiment le tiers des volumes de vins du Roussillon produits en 2021 », ajoute Roxane Cadeil.
Les volumes de récolte des vins doux naturels (98 700hl en 2021) poursuivent quant à eux leur déclin continu depuis 2017 (-31 % par rapport à la moyenne quinquennale hors 2021), « en lien avec les surfaces de production qui leur sont dédiées, en baisse de plus de 600 ha entre 2019 et 2021 », poursuit Roxane Cadeil, soit plus de 10 % de leur surface totale en deux ans. 54 % de ces volumes de VDN sont produits en Muscat de Rivesaltes et 35 % en Rivesaltes.
La campagne en cours, démarrée au 1er août dernier, est menée bon train concernant les contractualisations, en avance par rapport à la même période l’année dernière pour les IGP et les AOP secs. « Cette avance correspond plus à une anticipation de contractualisation de la part des négociants qu’une accélération réelle du marché », analyse Roxane Cadeil, « car on voit dans le détail que ces contractualisations n’ont pris qu’un mois d’avance en AOP et deux mois en IGP ». L’interprofession indique qu’un peu moins de la moitié des volumes disponibles (49 % pour la campagne 2020-2021) est commercialisée par le biais de contrats négoce. « Dans le détail, ces contrats négoce sont plus orientés vers les AOP Côtes du Roussillon, qui ne sont commercialisées qu’à 41 % en vente directe. En revanche, seules 22 % des IGP du Roussillon sortent sous contrat négoce, car elles sont en grande majorité commercialisées en vente directe », affine Roxane Cadeil.


La contractualisation des vins doux naturels (VDN) du département s’affiche elle en retrait par rapport à l’an dernier, par effet conjoncturel. « Alors qu’il faut attendre 3 ans entre la récolte et la commercialisation de ces VDN, la faible récolte de l’an dernier a fait craindre des manques de disponibilité. Il y a donc eu cette hausse inhabituelle des contractualisations l’an dernier, qui entraînent à présent un effet de baisse sur les contractualisations de ceux-ci, mais qui traduit plutôt un retour à la normale », recentre la responsable du service économie du CIVR.
Les sorties de chais se révèlent assez stables pour l’ensemble des catégories de vins, avec des stocks à fin février globalement en baisse par rapport à l’année précédente, « ce qui est lié aux deux faibles récoltes qui viennent de s’enchaîner », valide Roxane Cadeil. Les prix ne marquent pas d’évolution spectaculaire pour la campagne en cours mais apparaissent globalement à la hausse.
Côté mise en marché, les VDN sont presque exclusivement tournés vers la France, plus de la moitié des volumes étant écoulée par la grande distribution. « Seuls 2 à 3 % sont exportés, concernant des vins de vieux millésimes très bien valorisés », ajuste Roxane Cadeil.
Pour les vins secs, « la nomenclature douanière ne permet pas de tracer les IGP », précise Roxane Cadeil, « mais on estime qu’environ 27 % de ces IGP sont exportés chaque année ». Pour les AOP du Roussillon secs, les exportations représentent 18 % des sorties de chais pour l’année 2021, « avec un rebond de +20 % des volumes en 2021 portés par la reprise des activités vers les pays hors-union européenne », valide Roxane Cadeil. Grâce à la progression de la valorisation des vins, « le chiffre d’affaires des vins secs à l’export est progression croissante, +44 % en 9 ans, la Chine étant la destination privilégiée hors de nos frontières ». Sur le marché domestique, les AOP secs du Roussillon ont tendance à marquer un recul volumique auprès de la grande distribution, mais progressent sur les autres circuits, notamment le marché CHR (cafés-hôtels-restaurants) et la vente directe, « si bien que l’on observe là aussi une meilleure valorisation du prix moyen de vente. Le chiffre d’affaires global est donc plutôt à la hausse », souligne la responsable du service économie de l’interprofession.
Après deux années difficiles, une récolte 2022 moins marquée par les pertes liées aux aléas climatiques serait donc bienvenue dans le Roussillon pour alimenter sereinement la croissance de ces marchés mieux valorisés.