022 est-il un millésime précoce ? « Nous sommes le 23 février et la vigne pleure, ça me fait peur tout ça » indique Vanessa Dinic, viticultrice de Sainte-Croix du Mont, en Gironde, sur le groupe "Matériel et Viticulture" de Facebook. Elle n’est pas la seule à s’inquiéter. « Pareil à Aspiran dans l’Hérault » répond l’un de ses confrères.
Le phénomène est ponctuellement observé dans le Muscadet, à Sancerre, en Champagne, en Charente, dans l’Armagnac, le Roussillon, en Provence… « Les pleurs ne sont pas révélateurs du débourrement et la sève peut descendre et remonter plusieurs fois » temporise un autre viticulteur.
C’est également la réflexion que s'est faite Mathieu Cathala, jeune vigneron à Bize-Minervois, dans l’Aude, ce jeudi lors de ses travaux de taille. « Hier j’ai vu que ma syrah pleurait, alors que jusqu’à présent rien ne laissait présager le réveil de la vigne, mis à part quelques poils sur les bourgeons de la base. Il a fait très chaud pendant deux jours et ce n’est peut-être qu’une montée de sève passagère ».
« S’ils n’ont pas valeur d’étude statistique, et que de grandes disparités de précocité peuvent être observées au sein d’une région, comme en Champagne, ces témoignages illustrent bien le changement climatique » indique Alain Deloire, de l’Institut Agro de Montpellier.
Ce qui est certain, c’est que l’endodormance est levée, et que, là où les vignerons voient leur vigne pleurer, le sol a atteint une température d’au moins 10°C, voire 12°C, permettant aux racines de se permettre à pomper. « Pour qu’elle débourre, il faut maintenant qu’elle connaisse un cumul de sommes de températures de l’air supérieures à 10°C [Plusieurs modèles de prédiction existent, dont le GDD et le Brin, NDLR]. S’il fait plus froid, rien ne bougera » explique le professeur.


« Et même quand les températures de l’air et sol sont optimales, le débourrement peut être retardé par une trop faible réserve utile en eau ».
C’est peut-être ce qu’il se passera chez Mathieu Cathala. « Je suis pour l’instant plus préoccupé par le déficit hydrique que par les risques de débourrement et de gel. S’il ne tombe pas au moins 30 mm dans les prochains jours,il faudrait que j’arrose et renfonce à la main mes 5 hectares tout récemment plantés, ce serait un chantier énorme ! »
Son constat est partagé sur les réseaux sociaux par un viticulteur de l’Hérault. « Je ne trouve pas l’année plus précoce que ça. Ce qui est sûr, c’est qu’elle est très sèche et que si ça continue nous allons récolter des petits poids. »