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Objectif 0 intrant pour le collectif des 23 vigneron-nes du vivant en Beaujolais
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Vignes autonomes
Objectif 0 intrant pour le collectif des 23 vigneron-nes du vivant en Beaujolais

En structuration, ce collectif beaujolaisien poursuit un idéal d’écosystème agroécologique se basant sur des connaissances solides et des objectifs aussi ambitieux que quantifiables. Sans oublier la rentabilité économique d’une production de vin.
Par Alexandre Abellan Le 31 janvier 2022
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Objectif 0 intrant pour le collectif des 23 vigneron-nes du vivant en Beaujolais
Faisant partie des six membres fondateurs de l’association, les vignerons Jonathan Buisson et Pierre Prost examinent un arbre planté en 2019. - crédit photo : Alexandre Abellan (pour Vitisphere, ce 26 janvier à Chiroubles, lors d’un voyage de presse organisé par InterBeaujolais).
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e l’agroécologie à l’agroforesterie en passant par l’agronomie, les concepts à la mode dans le vignoble tournent tous autour du développement durable en général et d’un retour de la vie dans les sols en particulier. Se formant depuis trois ans à ces sujets*, un collectif de 23 producteurs se structure dans le Beaujolais pour passer des idées prometteuses sur le papier aux bonnes pratiques éprouvées sur le terrain. En cours de création ce début 2022, l’association des Vigneron-nes du vivant en Beaujolais doit être présidée par Pierre Prost, du château Javernand (12 hectares de vignes dans le cru Chiroubles), qui martèle que le mouvement n’a pas de dogme, si ce n’est de représenter la diversité du vignoble du Beaujolais : du petit domaine de 1,7 hectare à la grande propriété de plus de 100 ha, en appellation Beaujolais comme en cru, avec une certification bio ou Haute Valeur Environnementale (HVE) ou aucun label…

Il n’y a pas de chapelle, mais une seule passion souligne Pierre Prost : l’agroécologie. Soit « dans l’idéal, un écosystème vertueux n’a pas besoin d’intrants » plus équilibré et moins sensibles aux aléas climatiques et à la pression des maladies explique Jonathan Buisson, du domaine les Roches Bleues (12 ha en Brouilly et Côte de Brouilly). Devant prendre la vice-présidence de l’association, le vigneron s’enthousiasme pour cette approche de remise en question systémique des usages : « c’est une approche globale très terre à terre. C’est dans sol que ça se passe et que ça se mesure. »

Mouliner les meilleures idées

S’appuyant sur des formations d’experts*, le collectif organise actuellement des expérimentations dans ses domaines avant de prévoir la transmission à tous les opérateurs intéressés (avec l’appui de la Sicarex et de la Chambre d’Agriculture). Suscitant déjà l’attention du vignoble, les membres du collectif « sont beaucoup sollicités, ça créé de l’émulation » se réjouit Jonathan Buisson, « on replace la fertilité du sol au cœur du système productif ». Affirmant des ambitions fortes, Pierre Prost a les idées claires dans sa feuille de route : « mouliner les meilleures idées et les mettre en pratique avec expériences pour trouver les solutions les plus intéressantes avec des indicateurs de performances (techniques et économiques) et les partager au plus grand nombre ».

Déjà opérationnel, le collectif se donne de grands axes de travail. À commencer par la captation du carbone pour doper les taux de matière organique des sols viticoles. Pour Pierre Prost, les premières pistes de solution se trouvent dans les couverts végétaux (y compris permanents, avec un objectif à terme de non-travail du sol) et l’agroforesterie (avec la restitution par taille en trogne des arbres). Deux leviers qui pourraient aussi répondre aux besoins d’adaptation au changement climatique, avec la création de microclimats parcellaires faisant tampon. Y compris en matière de résistance à la sécheresse (les sols vivants étant plus perméables, pouvant plus stocker d’eau grâce à l’humus et présentant un réseau mycorhizien important rappelle Pierre Prost). Autre objectif, la fin de la monoculture viticole pour implanter des réservoirs de biodiversité dans les vignobles. Voici pour la théorie, l’enjeu du collectif est désormais de trouver des solutions pratiques.

Approche holistique

L’association des Vigneron-nes du vivant en Beaujolais se fixe comme axes prioritaires le travail sur la nutrition de la vigne, sur les couverts végétaux, sur la physiologie de la vigne (de la plantation à la taille), sur l’agroforesterie (des arbres au sein des parcelles aux haies en périphérie), sur le non-travail du sol (avec des couverts permanents) et sur la phytothérapie (décoctions et purins en alternative aux produits phytopharmaceutiques classiques, comme le cuivre). « Il faut prendre tous les sujets en même temps. Si l’on ne travaille qu’un à la fois, ça ne fonctionne pas » estime Pierre Prost, qui reconnaît que « chaque sujet est une montagne à défricher ». Pour ne pas dire une montagne à restructurer. Le vigneron plante depuis 2019 des parcelles de Chiroubles avec 250 arbres par hectare (avec dérogation pour l’AOC, comme le cahier des charges interdit toute végétation intraparcellaire se trouvant au-dessus raisins).

Ayant commandé 6 700 arbres en commun (avec une aide du plan de Relance), l’association joue sur tous les effets d’échelle. La rationalité économique étant au cœur du projet : « notre premier métier est de faire du vin. Ça ne coûte pas si cher d’implanter des arbres, les coûts sont accessibles » note Pierre Prost. L’« objectif est de mener de front le gain en performances techniques et économiques de nos vignobles, tout en améliorant nos performances écologiques qui sont un service rendu » à la collectivité abonde Jonathan Buisson. Pour les deux vignerons, la transition agroécologique nécessite des préalables pour réussir sur une parcelle installée. Il faut non seulement suivre des formations, mais aussi disposer de « vignes équilibrées » (notamment en termes de réserves) et d’un parcellaire adapté (de préférence regroupé en un bloc).

Deuxième souffle

Si l’association ne compte pas s’agrandir dans l’immédiat, elle compte bien partager ses enseignements pour créer une force d’entraînement. « La démarche agroécologique redonne de la motivation pour travailler. Depuis l’enclenchement de la démarche, c’est un deuxième souffle [pour moi]. Je sais pourquoi je le fais, ça donne du sens » témoigne Pierre Prost. « C’est intellectuellement intéressant, on se repose des questions plutôt que d’appliquer des schémas » complète Jonathan Buisson.

 

* : Avec notamment Konrad Schreiber sur le couvert végétal, Alain Canet sur l’agroforesterie et Marceau Bourdarias sur la taille physiologique.

 

 

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Tous les commentaires (1)
Rousseau Le 04 février 2022 à 15:20:05
Bravo Messieurs à vous et à tous les membres de votre association D'autres vont bientôt vous rejoindre
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