Nous avons perdu 25 % de la récolte avec le mildiou, c’est inédit, annonce Arnaud Descôtes, directeur technique et environnement du Comité Champagne. Et 30 % avec le gel ». Avec une année 2021 très compliquée dans les vignes, certains vignerons espéraient un infléchissement des objectifs environnementaux fixés par la filière : zéro herbicide d’ici 2025 et 100 % des exploitations certifiées en 2030. Il n’en est rien.
« 2021 nous a rappelé que nous sommes avant tout des producteurs de raisins et pas d’IFT (Indice de Fréquence des Traitements), tient à souligner Maxime Toubart, le président du syndicat général des vignerons de Champagne. Je sais que vous parler d’environnement après la campagne que nous venons de vivre est un sujet sensible. Aussi, pas de surenchère, mais pas de retour en arrière non plus. Nous devons maintenir notre cap, ne pas relâcher nos efforts et trouver un juste équilibre avec la demande de la société. La création variétale est le pivot de notre stratégie future et nous avons une première concrétisation avec l’inscription en cours de la variété Voltis dans notre cahier des charges ».
Pour maintenir ses objectifs environnementaux tout en restant rentable, la Champagne travaille à améliorer le fonctionnement de sa réserve individuelle, qui a été utilisée par de nombreux vignerons cette année. « Il va falloir améliorer cette réserve, ou lui adjoindre d’autres systèmes pour rendre encore plus résilientes nos entreprises champenoises, annonce Jean-Marie Barillère, président de l’Union des Maisons de Champagne. Parmi les idées sur la table, il y a bien sûr le relèvement du plafond de la réserve, qui peut s’accompagner d’un possible tirage d’une partie de cette réserve. Clairement, 2 000 kg de plus dans cette réserve augmente la résilience en cas de coups durs qui se suivent, donc c’est à étudier de près. Il y a d’autres idées, comme déterminer la destination des volumes produits au-delà du rendement autorisé, un an après la récolte, soit la distillation, soit compléter une récolte déficitaire ». Le président de l’UMC estime que « le changement climatique est bien là, des années comme 2021, on va en avoir d’autres, nous devons nous y préparer ».
Il donne également son point de vue sur l’étude PestiRiv, qui va être menée sur l’exposition des riverains de parcelles viticoles à différentes molécules : « Une telle étude scientifique, nous en avons besoin, afin de mieux utiliser nos pulvérisateurs, d’aller vers des pulvérisateurs de plus en plus confinés, afin de moins disséminer les molécules que nous utilisons. Cela pourrait être un nouveau départ d’une démarche de progrès, autour de deux axes, une nouvelle génération de pulvérisateurs autonomes, confinés, et/ou un vignoble de cépages résistants. Ceci-dit, faisons confiance à de nombreuses ONG pour faire des raccourcis entre exposition et maladie sans rien démontrer bien sûr, mais comme il n’y a pas de fumée sans feux, vous pouvez être sûrs que cela sera relayé dans de nombreux médias... ».