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L'Europe appelée à autoriser l'édition génomique sur la vigne
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Sélection variétale
L'Europe appelée à autoriser l'édition génomique sur la vigne

Face aux enjeux du changement climatique et de la transition agroenvironnementale, les politiques européennes sont appelés à autoriser l’obtention et la diffusion de nouvelles variétés adaptées.
Par Alexandre Abellan Le 30 septembre 2021
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L'Europe appelée à autoriser l'édition génomique sur la vigne
À

la croisée des chemins entre évolutions climatiques, transition écologique et révolutions scientifiques. Dans le vignoble européen, « nous devons absolument nous saisir avec enthousiasme de l’édition génomique » pose l’eurodéputée languedocienne Irène Tolleret ce 29 septembre, lors d’une visioconférence de l'Assemblée des Régions Viticoles Européennes (AREV). La co-présidente de l’intergroupe vin du parlement européen souligne que seule l’innovation permettra à la viticulture de se répondre rapidement au changement climatique (en témoigne le millésime 2021, « les évènements climatiques extrêmes ne sont plus inhabituels : chaque année on se retrouve à parler de choses qui ne sont jamais arrivées ») et à la réduction des intrants (le plan de la Commission Européenne de la Ferme à la Fourchette, ou Farm to Fork, qui prévoit notamment une réduction de 50 % des pesticides d’ici 2030).

Pour répondre à ces défis d’ampleur, Irène Tolleret milite pour de nouveaux moyens en matière de création variétale. « Peut-être que dans le futur les cépages produisant du vin seront plus résistants aux maladies, au gel, à la sécheresse, avec des rendements permettant de meilleurs équilibres économiques tout en respectant la qualité et l’environnement » pointe l’eurodéputée, qui alerte la filière sur un point : « l’opinion publique n’est pas prête [à accepter les innovations rapides], il y a un climat de suspicion face à ces solutions. Leur rapidité peut créer du scepticisme (en témoignent les débats sur les vaccins covid). » Ainsi, « beaucoup de personnes ne font pas la différence entre l’outil fantastique de recherche qui permet d’identifier à l’intérieur d’un patrimoine génétique d’une variété un gène de résistance et les Organismes Génétiquement Modifié (OGM) » précise Irène Tolleret, rappelant que « le vin a été très clair, il n’a pas besoin d’OGM, ayant des cépages avec une grande variété de gênes pour trouver des solutions avec des hybrides ».

Ne pas fermer la porte

« Il faut regarder du côté des "new breeding technologies" et ne pas fermer la porte » renchérit, lors d’une visioconférence de presse ce 24 septembre, Christiane Lambert, la présidente du Comité des Organisations Professionnelles Agricoles de l'Union européenne (Copa) et du Comité Général de la Coopération Agricole de l'Union européenne (Cogeca). Pour la présidente de la FNSEA, « les OGM n’ont pas été acceptés parce que leurs porteurs ont plus pensé à leurs intérêts financiers qu’à leurs impacts sur la planète. Il y a 20 ans les questions ne se posaient pas comme ça. Maintenant il faut regarder toutes les techniques technologiques, mais aussi l’irrigation, la sélection variétale… Bref, tout ce qui peut permettre de produire plus avec moins d’impact, ça s’appelle la croissance durable ou verte. »

Cisgènèse et  CRISPR CAS

Lors du webinar de l’AREV ce 29 septembre, le chercheur Gabriele di Gaspero, cofondateur de l’Istituto di Genomica Applicata (basé à Udine, Italie) souligne que « l’amélioration génétique a peu profité à la viticulture, contrairement à d’autres cultures, parce que les variétés existantes se sont révélées être très flexibles pour répondre aux besoins passés des viticulteurs. Mais il y a désormais de nouveaux défis (adaptation au changement climatique et amélioration de la durabilité du secteur) » demandant de nouvelles technologies de créations variétales. Rappelant qu’en l’état actuel la réglementation européenne ne permet pas aux cépages résistants issus d’hybrides de produire des vins d’appellation, le chercheur italien présente deux solutions alternatives aux croisements interspécifiques : la cisgénèse (transfert de gènes d’intérêt entre espèces apparentées) et l’utilisation de la protéine cas9 (ou CRISPR CAS, qui permet d’éditer le génome). « La cisgènèse et la modification du génome par CRISPR CAS seraient des outils de modification des cultures sans changer le contexte biologique des variétés existantes » explique Gabriele di Gaspero, qui prévient qu’en science « il n’existe pas de panacée, de solution uniformisée face défis actuels : sans doute y aura-t-il besoin de combiner des outils et de mélanger des solutions ».

Boîte à outils

La création variétale par ingénierie génomique n’est qu’un outil d’avenir note en effet Antonella Rossetti, consultante pour le think tank Farm Europe. Se basant sur une étude des techniques d’adaptation des fermes européennes, l’experte indique qu’« il faut encourager utilisation d’Outils d’Aides à la Décision (analyses risques/diagnostics et conseils se basant sur données climatiques et agronomiques par capteurs, stations météo et données satellites), la pulvérisation confinée (réduction des pesticides et homogénéisation des traitements)… » Sans oublier la robotisation. Alors que ces solutions de viticulture de précision demandent surtout du développement et du déploiement, l’édition génomique nécessite une législation pour se développer indique Antonella Rossetti.

Soulignant que l’Europe prend du retard en matière d’édition génomique, Irène Tolleret rapporte que « la commission va proposer une initiative législative sur les éditions génomiques mi-2023. Je ne suis pas du tout certaine que ce soit le meilleur calendrier. Tout d’abord c’est tard et à quelques mois d’élections européennes ça deviendra sujet politique alors qu’il s’agit d’innovation. »

 

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Loic BRETON Le 03 octobre 2021 à 21:29:27
Effectivement l' Europe prend du retard dans l'évolution de sa réglementation pour la création variétale et plus particulièrement en France. Les Etats Unis et Chinois sont entrain de créer des variétés résistantes qui s'adapteront aux exigences des consommateurs et du changement climatique . Vins produit avec moins de traitements phytosanitaires et moins d' eau. Ces 2 pays nous imposeront ces variétés. On constate que les metteurs en marché, certaines ODG , les politiques et les producteurs souhaitent évoluer vers l'implantation de variétés résistantes mais se heurtent à une réglementation nationale qui bloquent les nouvelles innovations dans la matière. Les viticulteurs qui prennent le risque de planter les nouvelles variétés résistantes devraient être encourager par la France et l' Europe et non être pénalisés par une réglementation. Les responsables de ces blocages ont-ils conscience de leurs erreurs ?
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