omment passer d’une gestion empirique des tours anti-gel à un fonctionnement optimisé par la science et les technologies de pointe ? A Quincy, les vignerons de la Cuma des Vignobles et la Fédération régionale des Cuma ont mobilisé sur le sujet des chercheurs de l’IFV, de l’Inrae, du CNRS et de plusieurs entreprises. Ce programme de recherches, baptisé SICTAG (système innovant d’aide à la décision connectée et de gestion efficiente en temps réel des tours anti-gel) a livré ses premiers résultats.
Des équipes du CNRS et de l’entreprise Weather Measures ont montré la variabilité spatiale du risque gélif selon la topographie. « Pour les gelées blanches (radiatives), les altitudes basses sont les plus durement touchées par les températures négatives. En gelée noire (advective), le vent froid et sec affecte les altitudes les plus importantes. Certaines parcelles sont plus exposées aux gelées radiatives, d’autres sont plus sensibles au gel advectif », indiquent les chercheurs. Ils travaillent sur des outils de modélisation pour un positionnement optimal des tours.
Les flux d’air sur une parcelle de vigne équipée de deux tours anti-gel ont aussi été analysés. « Des rafales de vent atteignant 33 km/h pendant 16 secondes ont pu être mesurées au niveau de la vigne, à 40 mètres environ d’une des tours », relatent les chercheurs. Leurs relevés de mesures ont confirmé que la tour anti-gel génère à 40 mètres de distance une hausse de la température de plusieurs dixièmes de degrés dans le feuillage de la vigne, au passage de la rafale de vent générée par l’éolienne.
Pour réduire le volume sonore d’une tour, un essai a été réalisé à Saint-Nicolas-de-Bourgueil. « Nous avons remplacé l’hélice par 4 pales et le bruit a été diminué de 10 dB à 150 mètres de distance », indique Mathieu Lamoureux, responsable technique de la Cuma des Tours à Vent.
A Saint-Nicolas et à Quincy, des drones de l’entreprise Scanopy ont aussi permis d’analyser les surfaces foliaires de vignes dans des parcelles avec tours anti-gel, quelques semaines après les gels de cette année. « Nos mesures confirment l’efficacité globale des tours, même si les vignes bordant des allées semblent avoir été mieux protégées que d’autres situées dans un repli de terrain, explique Pierre-Christophe Mesnil, directeur technique de Scanopy. Les surfaces protégées représentent en moyenne 5 à 6 hectares autour de chaque tour ».
« En cas de gel sévère, le périmètre de protection est parfois loin de celui annoncé par les vendeurs de tours, confie cependant Jean-François Méré, directeur de la Fédération des Cuma Centre val de Loire. Nous allons poursuivre les mesures sur le terrain, et travailler sur le chauffage, afin de savoir les conditions d'efficacité et l'optimisation de la consommation de carburant ».