e l’eau, de l’eau et encore de l’eau ! Les mois de juin et de juillet ont été marqués par une pluviométrie exceptionnelle, bien supérieure à la normale (calculée sur la période de référence 1981-2010), que ce soit en quantité ou en nombre de jours de pluie, en Bourgogne, Alsace, Champagne, Jura ou encore dans le Bordelais. Pas étonnant donc que le mildiou qui apprécie les périodes pluvieuses et les ambiances humides ait été à la fête. Selon les données de Météo France, courant juin, il a ainsi plu une fois et demie de plus que la normale à Arbois (Jura) et à Epernay (Champagne), et jusqu’à deux fois plus à Colmar (Alsace). En revanche, à Dijon et à Beaune (Bourgogne), les quantités de pluies tombées en juin sont restées dans la norme. Elles ont même été déficitaires de 20 % à Bordeaux.
Mais c’est surtout en juillet que les cumuls ont été largement excédentaires : de l’ordre de 50 % de plus que la normale à Colmar, Dijon ou Beaune ; presque deux fois plus à Epernay ; de 2 à 2,5 fois plus à Arbois et plus de trois fois supérieur à la normale dans le Bordelais. Outre les quantités de pluies, c’est également leur fréquence qui est notable : en juin, comparé à la normale, il a ainsi plu deux jours de plus à Arbois ; quatre jours de plus à Colmar, à Dijon et à Beaune ; et cinq jours de plus à Bordeaux. Il n’y a qu’à Epernay, où la fréquence des pluies a été conforme à la normale. Une tendance qui s’est confirmée en juillet (sauf à Bordeaux où il a plu un jour de moins que la normale). A Epernay et à Colmar, il a ainsi plu deux jours de plus que la normale ; trois jours de plus à Dijon et Beaune ; et même cinq jours de plus à Arbois. Sans surprise, ces précipitations plus fréquentes à partir de la mi-juin et excédentaires en juillet ont provoqué une saturation des sols en eau dès la fin du mois de juin et ont favorisé l’humectation du feuillage. Des conditions qui ont rendu difficiles le renouvellement de certains traitements, certaines parcelles étant devenues impraticables.
Côté températures, les moyennes mensuelles ont été plus élevées que la normale en juin : de 2 °C environ sur les stations de Colmar, Dijon, Beaune, Arbois et Epernay ; et d’1 °C à Bordeaux. En juillet, elles sont restées conformes aux normales, excepté en Bourgogne où elles ont été un peu plus fraîches (environ 1° de moins). Juin a surtout été marqué par un pic de chaleur sur l’ensemble des régions entre les 14 et 19 juin. Il s’en est suivi une période plus fraîche avec des températures maximales en dessous de 25 °C, qui se poursuit encore en cette première semaine d’août.
Or le mildiou apprécie les températures de l’ordre de 25°C mais pas les fortes chaleurs au-delà de 30 °C. En juillet, le nombre de jours où les températures ont dépassé les 30°C est resté faible : proche de 0 ou de 1 excepté à Bordeaux où il y en a eu 5. Les températures enregistrées en juin et juillet ont donc également été très propices au mildiou. « Toutes les conditions favorables à une explosion du mildiou se sont donc retrouvées réunies à partir du 20/22 juin selon les régions » analyse Stéphan Defoy, ingénieur chez Météo France.
Ce temps perturbé et frais va-t-il se maintenir ? « Oui encore toute la première semaine d’août, ce qui laisse craindre un maintien des conditions de développement du mildiou » indique Stéphan Defoy. Mais selon l’expert un temps plus ensoleillé devrait arriver lundi 9 août avec des températures qui devraient retrouver des valeurs de saison à partir du milieu de la semaine prochaine…De quoi laisser un peu de répit aux vignerons durement éprouvés par cette campagne hors norme.