Aujourd’hui, le discours du "quoiqu’il en coûte" arrive à sa fin, l’économie reprend ses droits et les aides vont s’arrêter. Il n’empêche que pour notre secteur [du vin], c’est le moment de tous les dangers, si on ne prend pas en compte la spécificité des situations pour apporter une aide chirurgicale et éviter que tout ce qui a été construit s’effondre [comme les aides à la distillation de crise et au stockage privé, les Prêts Garantis par l’État…] » analyse Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants. Enchaînant ces derniers jours les rendez-vous avec les représentants de l’exécutif (du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, aux conseillers spécialisés de l’Élysée, Matignon et Bercy).
Le vigneron de Fitou alerte chacun de ses interlocuteurs sur les manques de trésorerie de la filière. Un déficit de liquidités qui pèse déjà sur le vignoble, à cause des méventes liées à la crise covid, et qui va s’aggraver avec les pertes de récolte liées au gel, entraînant moins de mises en marché et de chiffre d’affaires après les vendanges 2021. Si des aides spécifiques aux vignobles gelés sont en cours de finalisation, Jean-Marie Fabre souhaite une réponse bancaire spécifique à ce « double effet ciseau » afin d’aider les vignerons en difficulté à tenir sur les 12 à 18 prochains mois. D’autant plus que sur le dernier semestre 2021, la relance post-pandémie s’annonce forte, « avec une dynamique de rebond qui devrait s’amplifier pour l’ensemble de l’économie et dont la filière espère profiter » indique le président des Vignerons Indépendants.


Pour soutenir les opérateurs, « il faut travailler avec la Banque Centrale Européenne et les banques françaises afin que les encours soient durablement consolidés dans le temps, sans coût inacceptable en termes d’intérêt et sans grever la capacité d’investissement des vignerons (pour la transition environnementale, des embauches…) » indique Jean-Marie Fabre. Des arbitrages interministériels étant prévus, une décision sur des aides spécifiques aux trésoreries vigneronnes est attendue rapidement. « D’ici fin juin à début juillet, pour construire une réponse et donner de la visibilité pour les discussions des entreprises auprès de leurs banques » conclut le vigneron audois.