Thiébault Huber : Aujourd’hui, nous sommes dans le suivi de crise autour du gel et des aléas climatiques. Nous devons être attentifs à ce que le vignoble ne soit pas l’oublié du milliard d’euros d’aides annoncées. C’est une crainte pour la viticulture.
Suite à ce gel le cadre de travail porte sur l’évolution de l’outil assurantiel est porté par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. Nous espérons que cela aboutira cette fois (des annonces similaires ont été faites en 20217). Même si la part assurée du vignoble national est passée de 15 à 30 %, on stagne : l’outil n’est plus intéressant. La filière ne fait pas le choix d’une assurance obligatoire, mais souhaite un outil plus attractif, en restant sur le modèle d’une assurance qui se déclenche en cas de coup dur. La moyenne olympique est le critère qui pèche le plus, il est obsolète. A part 2016 et 2018, tous les millésimes de la décennie passée ont été déficitaires.
Les réflexions sur la création de réserves climatiques s’ouvrent dans de nombreux vignobles. Qu’en est-il en Bourgogne ?
Pour l’instant, nous pouvons constituer des VCI (Volumes Complémentaires Individuels) pour les vins AOC blancs avec un stockage possible uniquement en vrac. Les VCI en Bourgogne représentent parfois de faibles volumes. Beaucoup de mises en bouteilles ont lieu avant les vendanges suivantes. Le viticulteur se retrouve donc contraint de stocker dans un plus petit contenant son VCI jusqu’à la revendication et son conditionnement au mois de décembre.
En 2018, des centaines d’hectolitres de vins de Bourgogne excédentaires ont été distillés car ils étaient au-dessus du rendement. Si nous les avions actuellement en bouteilles dans nos caves, nous serions plus sereins pour les commercialisations. Il nous faut cet outil, en accord avec la commission VCI de l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité) et de la répression des Fraudes (pour la traçabilité, voire la destruction, de ces bouteilles). Depuis l’épisode de gel, tout le monde est attentif [dans l’administration].
Votre feuille de route pour la CAVB s’attache également à renforcer la pérennité du vignoble, en termes d’attractivité des jeunes et de développement durable.
La recherche sur le changement climatique est un bon moyen pour attirer l’attention des jeunes. Avec la lutte contre le gel, la grêle… La recherche sur de nouveaux porte-greffes, des pinot et chardonnay plus tardifs… Avec Vita Bourgogne nous avons créé le pôle emploi du vignoble, la commission jeune de la CAVB va être relancée cette année.