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Gouffre béant entre la détresse des vignerons et la rigueur de Bruxelles
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Gel, covid, export…
Gouffre béant entre la détresse des vignerons et la rigueur de Bruxelles

Un séminaire entre représentants du vignoble et de la Commission Européenne témoigne du décalage de perception, et de ressenti, des crises qui mettent actuellement à mal la filière vin.
Par Alexandre Abellan Le 04 mai 2021
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Gouffre béant entre la détresse des vignerons et la rigueur de Bruxelles
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u nom de l’ensemble de la filière des vins européens, « nous vivons un moment difficile » pose Francisco Aroyo, le secrétaire général de l’Assemblée des Régions Européennes Viticoles (AREV), ce 3 mai en ouverture d’un séminaire dédié à la Politique Agricole Commune (PAC). Face au cumul des coups du sort (de la pandémie de covid-19 aux dernières gelées printanières), l’AREV demande des à la Commission Européenne des ressources exceptionnelles pour soutenir le vignoble : « la viabilité du secteur dépend de ces aides » appuie Francisco Aroyo.

Un appel à l’aide qui continue de laisser de marbre Bruxelles. « La question, est : où est-ce que vous estimez que la Commission peut trouver de l’argent dans le budget ? C’est clair, il n’existe tout simplement pas » réplique Jao Onofre, le chef d’unité vin de la Commission Européenne. Soulignant que les premières estimations de dégâts remontant de France, d’Italie et d’Europe de l’Est nécessiteraient approximativement 5 milliards d’euros, Jao Onofre souligne qu’il faudrait couper de 15 % les autres paiements directs. « C’est un choix politique. S’il n’y a plus d’argent sur le vin, il faut retirer de l’argent ailleurs… » souligne le fonctionnaire européen.

Il va y avoir des suicides

« Aujourd’hui, nous avons un problème avec la Commission. Nous nous sentons orphelins d’un commissaire à l’Agriculture. Jamais sa voix ne nous a paru aussi faible, éteinte » soupire Thierry Coste, l’ancien président groupe vin Copa Cogeca. Témoignant d’une gravité palpable sur le terrain, le vigneron languedocien appelle la Commission Européenne à se déplacer dans le vignoble pour ressentir la réalité de la situation rapportée. « Cette hausse de fréquence et de violence d’évènements climatiques, qui vient en plus de la covid, des taxes Trump et de l’insécurité surréaliste du Brexit, ça fait que moi j’ai vu de grands gaillards pleurer » rapporte l’eurodéputée Irène Tolleret. Travaillant depuis 30 ans dans la filière, la coprésidente intergroupe vin du parlement européen souligne que « c’est la première fois que première fois que je vois des présidents de caves coopératives qui me disent qu’il va y avoir des suicides et qui ne savent pas comment installer des jeunes. »

« Le secteur demande un financement extraordinaire. Nous savons bien sûr qu’il y a beaucoup de contraintes sur le budget européen. Mais il existe des fonds extraordinaires et des fonds alloués pour la relance européenne » renchérit Angel Villa Franca, le directeur viticole de la fédération européenne des coopératives agroalimentaires.

Balle de match

Malgré ces appels à l’aide, Jao Onofre reste « optimiste. Je suis sûr que le secteur vin va, comme toujours, sortir de cette crise. C’est évident que ces deux dernières années n’ont pas été glorieuses, mais n’oubliez pas qu’avant nous avons eu dix années d’une croissance absolument exceptionnelle. Une fois que l’économie va rouvrir avec le programme de vaccination qui prend de l’ampleur dans toute l’Europe, on peut équilibrer une situation qui était franchement difficile. »

« Rien n’est écrit pour l’avenir. Le secteur traverse une période difficile » réplique Thierry Coste, qui rappelle que « la viticulture aurait pu disparaître complétement de la planète à la fin XIXème siècle, c’était la crise du phylloxera. Ça a été un coup de chance qu’une liane pousse en Floride. Si on n’avait pas eu ça, le vin aurait disparu et aurait fait partie de l’Histoire, comme le dodo. » Pour le vigneron languedocien, la balle de tennis est sur le filet : elle peut tomber d’un côté et permettre de remporter le match, ou tomber de l’autre et causer l’élimination. « La clé du succès appartient aux décideurs » conclut Thierry Coste.

 

 

Assurances et édition génétique face au changement climatique

Reconnaissant que « les gels en France, en Italie, et certains pays Europe de l’Est montrent clairement que la situation risque de devenir compliqué pour certains viticulteurs pendant cette campagne », Jao Onofre estime que « les instruments de gestion du risque dans le secteur sont là, mais ne sont pas utilisés. Il est évident, notamment en France, que le programme vin ne dépense pas ni pour les fonds mutuels, ni pour l’assurance récolte. Evidemment, la France a choisi de mettre ses moyens sur les investissements, sur la restructuration, sur la promotion, au lieu de le mettre sur la prévention des risques climatiques qui vont devenir de plus en plus pérennes. »

« Aujourd’hui, la taille des évènements climatiques vont au-delà du cadre intervention des outils actuels, comme le régime des minimis » rétorque Irène Tolleret. Pour l’eurodéputée, le système assurantiel doit être revu et la recherche doit être appuyée pour proposer de nouveaux cépages adaptés au changement climatique (qu’il s’agisse du gel ou de la sécheresse). « Nous allons avoir des épisodes climatiques plus violents, plus fréquents et plus vastes » prévient Irène Tolleret, pour qui « il faut explorer les nouvelles techniques comme l’édition génétique, pour la mise en marché de variété résistantes plus rapide. L’autorisation des hybrides prévues dans l’Organisation Commune de Marché (OCM) est nécessaire pour introduire tout de suite des cépages plus résistants ».

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Tous les commentaires (4)
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Irene Le 07 mai 2021 à 19:31:26
Bonjour cher (e?) collègue, vous faites erreur : l'arrêt de la cour de justice dit que la mutagenese est ogm, que la mutagenese aleatoire peut être exemptée à la liberté des etats membres, mais que pour la mutagenese dirigée la vraiment c'est ogm ... c'est le point que pudiquement le dernier rapport de la commission aborde sur la nécessité de faire en sorte que la législation permette aux labels qui ne veulent pas utiliser d'ogm de le faire effectivement (lire le bio). Nous n'arriverons pas à sélectionner des plantes résistantes au changement climatique (résistance au gel et à la sécheresse en même temps par exemple) suffisamment rapidement si nous utilisons les vieilles techniques. pour les hybrides résistants aux maladies, cela a pris 20 ans. Nous n'avons pas ce temps donc je ne comprend pas le blocage d'utiliser les dernières techniques pour la RECHERCHE!
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Dominique Le 07 mai 2021 à 09:57:48
Réponse à Irène Tolleret Bonjour chère collègue, je note que vous êtes contre les OGM mais pour "l'édition" du vivant. L'eurodéputée que vous êtes ne doit pas ignorer que la Cour de Justice de l'union européenne a rendu un arrêt le 25 juillet 2018. Il assimile ces plantes manipulées à des OGM et vous auriez dû le rappeler. Que des semenciers viennent faire pression pour continuer le tripatouillage du vivant, en faisant miroiter des miracles, c'est leur intérêt financier que vous devriez éviter de relayer. Enfin, levons un peu le nez. Face au chaos climatique en cours, cette fuite en avant dans la RECHERCHE et l'innovation relève plus d'une croyance, d'un pur acte de foi selon lequel la SCIENCE trouvera toujours des remèdes aux conséquences de nos erreurs précédentes. Ce n'est pas une vérité, c'est un credo. Alors, il faut plutôt faire une vraie loi climat qui ne soit pas de la pure communication. Rappelons nous que le CO2 émis sur les 20 dernières années n'a pas encore fini de produire tous ses effets, alors qu'on en rajoute encore. Vos plantes miraculeuses risquent d'être hors jeu avant même d'être mises au point. La nature était accueillante et généreuse; elle est devenue hostile et avare : c'est ça le problème à traiter.
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Irene Le 06 mai 2021 à 15:12:39
Dominique : ci joint l'étude de la commission : https://ec.europa.eu/food/plant/gmo/modern_biotech/new-genomic-techniques_en l'edition génétique est déja autorisée aux USA, en amérique du sud, en australie, en russie, et comme technique de RECHERCHE. Les législations de ces pays font que les résultats de ces RECHERCHES ne sont pas forcément des OGM si il n'y a pas de gènes extérieurs. Ces recherches permettent de décoder le génome et d'identifier les gènes améliorant la résistance au stress hydrique ou au gel par exemple. Vu que nous ne savons pas analyser et qu'en l'état actuel de la législation il n'y a pas de tracabilité, rien n'empêche de penser que ces résultats sont déjà importés en Europe ou en France. Il est urgent de légiférer pour encadrer, assurer une tracabilité, protéger , et profiter des apports de ces techniques de RECHERCHE. je suis contre les OGM, mais pour l'édition génomique pour aller plus vite dans la RECHERCHE.
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Dominique Le 04 mai 2021 à 23:24:15
Irène Tolleret s'est visiblement lancée dans la surenchère électorale, au point de déraper un peu. Je lis : " la recherche doit être appuyée pour proposer de nouveaux cépages adaptés au changement climatique (qu’il s’agisse du gel ou de la sécheresse)". Pour cela, elle nous propose "l"édition génétique", pour ne pas dire les "nouveaux OGM", c'est plus glamour. Cette brave dame s'imagine qu'on édite le génome et qu'on peut reprogrammer à la demande des plantes résistantes au gel, mais aussi à la sécheresse, pourquoi pas à la flavescence et au mildiou ? C'est Noël tous les jours alors ? Ca sent vraiment les promesses électorales à plein nez, mais, c'est connu, elles n'engagent que ceux qui les reçoivent. Admettons même que ce délire se réalise. Quelles seront les conséquences sur le reste de la plante ? Quel goût auront les raisins de cette plante ? Certains avaient prévu d'intégrer dans le génome des tomates des gènes de poissons gras des mers froides, pour résister au gel justement. On attend encore, mais attention au goût de rollmops !
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