Nous estimons qu’il y a 25 à 30 % de bourgeons potentiels détruits sur l’ensemble du vignoble mais certains vignerons sont beaucoup plus touchés, précise Arnaud Descôtes, responsable du pôle technique du Comité Champagne. Les résultats ne sont pas encore définitifs. Les secteurs les plus impactés sont la Côte des Bars, la région de Vitry le François, le massif de St Thierry, l’Ouest de Château-Thierry, la grande vallée de la Marne, ainsi que le sud de la Côte des blancs et le Sud du Sézannais ».
La présence de pluie, voire de neige les 5 et 6 avril, a été un facteur déterminant dans le pourcentage de gel comptabilisé dans les parcelles.
Le département de l’Aube, de par sa précocité, est une nouvelle fois particulièrement touché. « On estime que 90 % du vignoble de Montgueux, où sont plantés beaucoup de chardonnay, a été détruit, confirme Emmanuel Mannoury, viticulteur aubois et membre du bureau du SGV. Dans notre département, les températures sont descendues jusque - 7 °C, avec des épisodes de pluie ou de neige. Sur l’ensemble du département, les pertes de récolte devraient osciller entre 50 et 60 % ».
« Le gel reste toujours un moment compliqué qui affecte le moral, poursuit Arnaud Descôtes. D’autant que l’on sait que le reste de la campagne va être difficile à gérer avec une végétation à plusieurs stades. Mais la Champagne a la chance de disposer d’une Réserve Individuelle (RI) ce qui lui apporte de la sérénité par rapport à d’autres vignobles français. La RI est de loin le moyen le plus économique et le plus écologique pour lutter contre le gel ! ».
Dans l’Aube, qui avait été touchée par plusieurs gels depuis cinq ans, la plupart des vignerons ont pu reconstituer leur RI lors des dernières vendanges. La RI est plafonnée à 8 000 kg/ha.


En Champagne, seules 2 à 3 % des vignes sont protégées. La combustion représente 1 % de la protection, avec des bougies et des chaufferettes à pellets. L’aspersion et le brassage d’air représentent les 1 à 2 % restants. « Je ne pense pas que le taux de protection va progresser car nous avons la RI, estime Arnaud Descôtes. Mais il est vrai que l’exposition au gel est plus importante qu’il y a 50 ans car la vigne débourre plus tôt et que les risques de gel persistent jusqu’à la mi-mai ».