incent Decup, directeur technique et R & D de château Montrose l’annonce carrément : « l’étude que nous avons lancée en février dernier, est inédite dans son ampleur et son ambition ». Et d’égrener ses arguments : « il y a déjà eu des études climatiques mais à l’échelle de plusieurs AOC, et jamais sur une seule propriété avec autant de capteurs répartis dans les vignes ». De fait, pour mesurer la variabilité du climat à l’échelle de l‘exploitation, ce sont 60 capteurs de mesure des températures et d’hygrométrie qui sont installés dans les vignes sur 90 hectares. Leur positionnement hors sol, à hauteur de grappes, a été décidé en fonction des zones topographiques et des caractéristiques de chaque parcelle (zones plus ou moins précoces, sensibles au mildiou, à la sècheresse).
Ce n’est pas tout. Une étude des fosses pédologiques (entre 13 et 15 fosses) va être engagée par Pierre Becheler, géologue spécialisé dans les études de pédologie et étude de sols viticoles, hydrologie et géomorphologie qui va recueillir les données dans le sol. Elle permettra de déterminer la constitution des sols, leur fonctionnement. De son côté Benjamin Bois, maitre de conférences en viticulture et climatologie à l’université de Bourgogne va travailler sur les aspects de température et d’hygrométrie. « Ces deux experts n’avaient jamais travaillés ensemble. C’est une première. Ils vont nous aider à comprendre le fonctionnement de la vigne en interaction avec l’environnement pédologique et climatique » confie Vincent Decup.


Avec ces données, ce dernier n’entend pas se précipiter vers de nouveaux cépages. « Avons-nous besoin d’autres cépages plus résistants aux températures élevées dans les années à venir ? Le cabernet sauvignon peut s’adapter à des températures élevées » répète-il. Sa religion est faite. Tout comme en agroforesterie. Nul besoin de planter des arbres au milieu des vignes. « Nous avons la chance à Montrose de disposer de prairies, de forêts, de bois sur 45 ha. La biodiversité est très présente. »
L’enregistrement des données par les capteurs va durer un an. Et en octobre prochain, Pierre Becheler fera les fosses prévues. Au global Chateau Montrose aura déboursé entre 300 et 350 €/ha pour mener à bien cette étude qui lui permettra de comprendre le comportement du végétal face au réchauffement climatique et d’avoir une projection à l’horizon 2050. De quoi lui permettre de faire du surmesure en matière de mode de conduite du vignoble.