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Le vignoble européen demande un plan de soutien extraordinaire sur 2 à 3 ans
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Syndicalisme communautaire
Le vignoble européen demande un plan de soutien extraordinaire sur 2 à 3 ans

L’Italien Luca Rigotti, président du groupe coopératif Mezzacorona et de l’Alliance Coopérative des Vins Italiens, vient de succéder au Français Thierry Coste à la tête du groupe vin au sein du Copa-Cogeca. A l'heure du Conseil européen des ministres de l’Agriculture, il fait le point sur ses priorités.
Par Sharon Nagel Le 22 mars 2021
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Le vignoble européen demande un plan de soutien extraordinaire sur 2 à 3 ans
Le nouveau président du groupe vin au sein du Copa-Cogeca, Luca Rigotti, estime que les mesures de soutien actuelles ne sont pas suffisantes et qu’il faut aller plus loin. - crédit photo : Copa-Cogeca
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'est la première fois qu'un Italien est élu à la présidence du groupe vin au sein du Copa-Cogeca. Cela modifiera-t-il ses priorités ?

Luca Rigotti : Je pense que ce n'est pas seulement la présidence qui fait la différence, car je crois fermement au travail d'équipe. Le groupe de travail du Copa-Cogeca aura des axes programmatiques et des priorités qui résulteront toujours d’un dialogue, qui résume les défis/opportunités auxquels le secteur du vin doit et devra faire face. Bien évidemment, il y aura des sujets où il sera plus difficile de trouver une unité d'idées, mais les principaux problèmes du secteur, surtout en ce moment avec les difficultés dues au Covid-19 et aux développements commerciaux, constituent la norme dans tous les Etats membres actuellement.

 

Vous dites souhaiter une transition dans la continuité de Thierry Coste. Quel sera votre objectif principal en 2021 ?

Mon mandat s'inscrira dans la continuité du travail important réalisé par mon prédécesseur, Thierry Coste. Comme lui, je poursuivrai un dialogue permanent avec tous les pays pour aborder et tenter de résoudre les différents problèmes. Je crois qu'à l'heure actuelle, le principal problème est de savoir comment soutenir les vignerons et les coopératives agricoles qui sont confrontés aux problèmes engendrés par la pandémie, tant en ce qui concerne la gestion interne des entreprises que les problèmes de marché causés par la fermeture du secteur CHR, par la diminution du pouvoir d'achat des familles et par les restrictions de mobilité appliquées par les différents États.

 

Comment comptez-vous aider les producteurs de vin à surmonter la crise du Covid-19 ?

Tout d'abord, nous tenons à exprimer nos remerciements pour les mesures de soutien prises par la Commission et les États membres. Néanmoins, comme le montre la réalité sur le terrain, ces mesures ne sont pas suffisantes. Il faut faire plus. Nous sommes à la recherche d'une approche commune au sein de l'UE. L'idée partagée, dont nous discutons, consiste à demander des fonds extraordinaires pour le secteur vitivinicole, des fonds hors budget agricole et qui diffèrent de ceux alloués aux États membres. Ils permettraient de financer les différentes initiatives de soutien que les Etats membres mettront en œuvre en faveur du secteur, par exemple à travers des formes d’aides destinées aux nombreux producteurs et coopératives qui, après cette longue période de pandémie, se retrouvent dans une crise grave. Sans oublier l'impact des restrictions commerciales ni l'augmentation des coûts des exportations vers le Royaume-Uni.

 

L'Espagne a demandé à ce que la situation du secteur vitivinicole soit abordée lors du prochain Conseil Agriculture ce 22 mars. Qu’en est-il ?

Le Copa-Cogeca partage l'initiative prise par l'Espagne et nous avons insisté sur ce point auprès des institutions européennes. Nos présidents (Copa-Cogeca) feront un briefing avec le président du Conseil Agriculture et Pêche avant la réunion. La question des difficultés du secteur vitivinicole européen sera soulevée dans toute son urgence devant le Conseil, à l'initiative de l'Espagne. J'espère sincèrement que des initiatives concrètes seront prises pour soutenir le secteur vitivinicole en ces temps difficiles.

 

Faut-il poursuivre les mesures prises dans les principaux pays producteurs de l'UE l'année dernière, notamment la distillation de crise, la vendange en vert, l’aide au stockage… ?

Nous nous sommes félicités de la prolongation des mesures de soutien approuvées au début de l'année. Mais il faut aller plus loin. Compte tenu de la persistance de la pandémie, le secteur a certainement besoin d'un plan de soutien extraordinaire, un plan qui prévoit évidemment des moyens financiers supplémentaires à ceux prévus par la PAC, avec une série de mesures sur deux à trois ans. Il appartiendra ensuite aux différents États membres de décider des mesures qu'ils jugeront les plus adaptées à leur situation nationale.

 

A plus long terme, quels seront, selon vous, les principaux défis à relever par le secteur vitivinicole européen ?

Parmi les principaux défis à relever après le Covid-19, il faudra certainement un nouveau développement du secteur avec une forte affirmation des vins européens sur les marchés internationaux, pour laquelle une campagne de promotion incisive sera nécessaire. Il faudra aussi rendre plus souple et plus accessible la mise en œuvre des plans de promotion de l'OCM, et poursuivre l'engagement sur les plans environnemental, économique et social. Dans le domaine du développement durable, le secteur a déjà beaucoup travaillé, mais de nouveaux défis nous attendent ; nous devons être de plus en plus des protagonistes. Un large dialogue avec la Commission sera indispensable, afin que l'adoption de ces mesures, qui figurent également dans la stratégie « De la ferme à la table », ne réduise pas fortement les niveaux de production. Nous voulons être des protagonistes du Green Deal, mais à notre avis, il faudra réaliser des études d'impact économique, des analyses sur les délais de mise en œuvre et des recherches scientifiques.

 

Eviter que le vin soit à nouveau une cible

Parmi les défis futurs de taille recensés par le nouveau président du groupe vin au sein du Copa-Cogeca figurent les préoccupations sanitaires, notamment dans le contexte du plan européen « Vaincre le Cancer ». Cette initiative «  va dans le sens de la protection de la santé des citoyens européens que nous partageons fortement », rappelle Luca Rigotti. « Toutefois, le plan ne doit pas devenir une initiative pénalisante à l’encontre du vin. Pour cela, il faudra une discussion permanente avec la Commission, qu’il faudra sensibiliser fortement au fait que la consommation modérée et raisonnable de vin fait partie d'un régime alimentaire et que le vin ne peut donc pas être considéré comme un aliment nuisible à la santé. Pour plus d'informations, j'invite tout le monde à consulter la plateforme Wine in Moderation »

 

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