e n’est pas la première "une" qui irrite le vignoble audois, mais c’est une première action en justice pour le vignoble languedocien qui veut en finir avec les photos chocs de sa Presse Quotidienne Régionale (PQR). À l’occasion d’une conférence de presse ce premier mars, le Syndicat des Vignerons Audois (SVA) annonce poursuivre en justice le quotidien Midi Libre (groupe la Dépêche) pour la "une" de son numéro 27 489 daté du 24 février et diffusé dans les départements du Gard et de l’Hérault. En cause l’article « Tabac, alcool, cannabis : des records de consommation en Occitanie » accompagné par la photo (voir ci-dessous) d’un homme visiblement intoxiqué et allongé aux côtés d’une bouteille de vin d’AOC Fitou (Aude).
Alors que le SVA s’était déjà mobilisé contre la PQR en novembre 2020 suite à la "une" de l’Indépendant (illustrant la hausse des traitements phytos sur la campagne 2018 avec une photo d’archives d’épandage par hélicoptère), « plutôt que d’aller une nouvelle fois déverser du marc, nous attentons une action civile pour dénigrement et atteinte à l’image du vin et de la profession viticole » indique Pierre Ninville, le coordinateur du SVA. « Nous allons au civil parce que notre produit est attaqué dans un dénigrement, alors que le vin fait partie du patrimoine culturel français » renchérit Frédéric Rouanet, le président du SVA, qui rappelle que la protection de l’image du vin est incluse dans les statuts de son syndicat.


Devant être prochainement déposée au tribunal judiciaire de Narbonne, cette procédure se base sur deux articles de loi. D’abord l’article L.665-6 du Code Rural, qui stipule que « le vin, produit de la vigne, les terroirs viticoles […] font partie du patrimoine culturel, gastronomique et paysager protégé de la France ». Ensuite l’article L.3311-3 du Code de la Santé Publique qui stipule que « les campagnes d'information menées dans le cadre de la lutte anti-alcoolique doivent comporter des messages de prévention et d'éducation. Ces messages ne doivent pas présenter de caractères discriminatoires entre les différents produits. » Autrement dit, « quand on fait une campagne d’information sur l’alcoolisme, on doit viser tous les alcools et pas seulement le vin » explique Pierre Ninville.
Le SVA indique porter son action avec le soutien de l’Organisme de Défense et de Gestion de l’appellation Fitou. Ayant manifesté contre la « une scandaleuse » du Midi Libre le 26 février, la Fédération Syndicale des Exploitants Agricoles de l’Hérault (FDSEA 34) indique pour sa part sur Twitter avoir obtenu satisfaction auprès de la rédaction de Montpellier : « l'erreur a été reconnue et des excuses ont été formulées. Midi Libre s'engage à être plus attentif sur les photos choisies et à prévoir des publications positives. » Un engagement qui ne suffit pas au SVA, qui veut aller jusqu’au bout de sa procédure. « Qu’on se le dise désormais, quiconque souhaite faire son beurre sur le dos des vignerons, se frottera au Syndicat des Vignerons de l’Aude, tant sur le terrain que devant le juge ! » avertit un communiqué.
"Stop à la stigmatisation de la viticulture" pour la FDSEA et les JA de l'Hérault. FDSEA 34.