Nous ne savons pas où nous allons. La reprise de l’épidémie de la covid 19 est très inquiétante pour la viticulture audoise. Il y a des vignerons qui vont mettre la clé sous la porte ». Lors d’un point presse ce mardi 6 octobre à la maison des Vignerons à Narbonne, Frédéric Rouanet, le président du syndicat des vignerons de l’Aude a tiré la sonnette d’alarme. « Les caves ou vignerons qui vendent leur production en CHR ou sur les salons ont été fragilisés par la première vague du coronavirus. Les ventes de vin dans ces secteurs ont chuté de 62%. Pourtant ces viticulteurs ont continué à travailler, à payer leurs salariés puisque nous n’avons pas eu droit au chômage partiel. La pression parasitaire au vignoble a été telle cette année que le coût de la protection du vignoble a été multiplié par trois. Beaucoup d’exploitations se trouvent dans une situation très compliquée », affirme le leader syndical.
619 000 hl distillés dans l’Aude
La mesure de distillation de crise a été bienvenue pour assainir le marché et éliminer les vins invendus du fait de cette crise, a reconnu le viticulteur audois. Dans l’Aude, 619 565 hl (dont 533 000 hl d’AOP et IGP) ont été conduits à la distillerie, soit un cinquième du volume distillé au niveau national. Mais Frédéric Rouanet s’élève contre la lenteur administrative qui retarde l’attribution de l’aide au stockage, attendue par les vignerons qui ont des marchés mais n’ont pas pu écouler leur production à cause du contexte sanitaire. « Ces vignerons ont besoin de cet argent maintenant, car ils ont eu des dépenses pour produire mais aucune recette du fait de l’arrêt de tous les salons et du CHR. Ce n’est pas dans 6 mois qu’il faut leur verser cette aide », insiste-t-il.
Maintenir les salons
Le syndicat se bat également pour obtenir des reports de charges, de taxes, et de remboursement d’emprunts. Il plaide également pour le maintien des salons. « Les salons représentent 28% des ventes de vin en France. Nous demandons la possibilité de les maintenir en prenant bien sûr toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des visiteurs et des vignerons. Je ne vois pas pourquoi il y aurait plus de risque sur un salon des vins que dans les grandes surfaces. Il faut qu’on apprenne à vivre avec ce virus, sinon on va à la catastrophe économique ».
Seul point positif dans ce tableau peu réjouissant : « Nous avons réussi à rentrer notre récolte et le millésime s’annonce prometteur tant en volume qu’en qualité. En temps normal, nous serions en mesure de vendre cette récolte car le marché est à l’équilibre. Avec ce contexte covid, nous sommes empêchés de commercer. Il faut trouver des solutions pour que les vignerons puissent vendre leur vins ».