ace à un mur de refus, l’impatience s'effrite et cède la place à l’exaspération. « Il n’est plus acceptable, ni compréhensible, qu’une certification comme VDC (Viticulture Durable en Champagne) plus ambitieuse, soit au final perçue et traitée comme moins-disante qu’HVE (Haute Valeur Environnementale) » martèle Maxime Toubart, le président du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV). Essuyant un refus du ministère de l’Agriculture, le vignoble champenois demande avec force l’équivalence entre VDC et HVE.
Alors qu’il reprend l’intégralité des exigences de la certification HVE, le référentiel VDC n’est reconnu depuis l’arrêté du 7 avril 2015 que comme équivalent « à l’ensemble des exigences du référentiel de la certification environnementale de deuxième niveau pour ce qui concerne l’activité viticole de l’exploitation ». Dispositif public créé en 2011 par le ministère de l’Agriculture, la certification HVE est pour sa part de niveau 3 et ne peut être automatiquement étendue à toute autre démarche durable.


« La règlementation ne prévoit pas d'équivalence à la HVE, car la HVE est basée sur des obligations de résultats mesurées par des indicateurs de performance environnementale que l'on doit satisfaire dans l'absolu » indiquait à Vitisphere le ministère de l’Agriculture en 2019, à l’époque pour le label Terra Vitis. Ce dernier référentiel a opté pour la double certification. Comme la Certification Environnementale Cognac (présentée comme allant de paire avec la HVE). « Comme le SGV avec le VDC, nous soutenons la demande de reconnaissance du CEC au niveau de la HVE » indique Anthony Brun, le président de l'Union Générale des Viticulteurs de Cognac (UGVC).
Même position pour Benoît Ab-der-Halden, le président de Terra Vitis Rhône Méditerranée : « Terra Vitis soutient le Cognac et la Champagne dans la volonté d’obtenir une équivalence hve pour les labels mieux disants » déclare le vice-président de la fédération nationale Terra Vitis, qui vient d'envoyer une demande d'équivalence directe au ministère de l'Agriculture.


Un cumul qui rebute en Champagne, autant philosophiquement qu’économiquement. « Compte tenu de l’absence d’équivalence, les vignerons doivent supporter les coûts d’une double certification s’ils veulent pouvoir obtenir la certification HVE » souligne Maxime Toubart, qui trouve « encore plus choquant, les vignerons et opérateurs qui ont obtenu la certification VDC sont exclus aujourd’hui du dispositif de crédit d’impôt que le gouvernement a proposé et le parlement a voté dans le cadre de la loi de Finances pour 2021 ».
Face à la fin de non-recevoir du ministère, Maxime Toubart prévient que « cette situation est profondément injuste et risque de mettre à mal tous les efforts que nous déployons pour convaincre les vignerons de s’engager dans une démarche de viticulture durable » avec VDC.
Lancée en 2001 par le Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne, le référentiel VDC met l’accent sur la préservation de la biodiversité, la réduction de l’empreinte carbone, l’optimisation de la fertilisation, la gestion des paysages… VDC est actuellement suivi par 1 200 exploitations (pour 9 300 hectares). En comparaison, la HVE recense 950 exploitations en Champagne (et l’agriculture biologique 260 domaines, pour 1 146 ha).