Nous cavistes sommes de plus en plus confrontés à des attitudes de plus en plus hostiles à la consommation de boissons alcooliques de la part des pouvoirs publics de notre pays, que ce soit au niveau national ou de plus en plus régulièrement au niveau local » pose Patrick Jourdain, le président du Syndicat des Cavistes Professionnels (SCP) lors des questions diverses du conseil spécialisé de France Agrimer ce 20 janvier. Alors que la préfecture de Seine-Saint-Denis vient d’interdire la vente à emporter de boissons alcoolisées pendant le couvre-feu, le caviste appuie ses inquiétudes sur le souvenir encore cuisant des six arrêtés préfectoraux interdisant la commercialisation d’alcool le 31 décembre 2020 (Côtes-d’Armor, Ille-et-Vilaine, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Orientales et Rhône).
La Saint-Sylvestre compte parmi les journées les plus commerçantes de l’année rappelle Patrick Jourdain. Le commerçant garde d’autant plus en travers de la gorge l’annonce le 30 décembre à 22 heures d’une interdiction préfectorale dès le 31 décembre à 6 heures touchant son point de vente dans le Puy-de-Dôme (où des gendarmes sont venus veiller à sa fermeture, rapporte-t-il).
Parlant au nom des 5 800 cavistes de France (indépendants et franchisés recensés en 2019), Patrick Jourdain se tient sur la défensive ce début 2021. Le caviste s’inquiète que « le personnel des préfectures s’habitue à prendre ce type d’arrêtés […] sous prétexte (et le terme prétexte est important) d’éviter d’éventuels débordement ou troubles à l’ordre public ». Alors que le dry-january est en cours, Patrick Jourdain craint une infusion dans les pouvoirs publics d’une vision hygiéniste anglosaxonne.
Pour ne pas dire une diabolisation de l’alcool qui repose sur la « désignation [des vendeurs d’alcool] comme les grands méchants, avec une forme de dénonciation morale de notre activité jugée dangereuse » pointe le caviste, ajoutant que « c’est bien pratique, pour se couvrir […] au lieu de solutionner les raisons du mal être social qui justifierait plutôt les débordements qu’ils craignent mais ça c’est un autre sujet… »


Alors que des mesures anti-alcool sont à l’étude du prochain plan décennal de lutte contre le cancer (dont les conclusions seront dévoilées ce 4 février par le président de la République), « ce qui nous inquiète aussi, c’est que pour la Saint-Sylvestre, c’est apparemment le ministre de l’Intérieur lui-même qui aurait donné la consigne générale et désigné l’alcool comme fauteur de troubles potentiels… » alerte Patrick Jourdain.