e Royaume-Uni importe l’équivalent d’environ 1 milliard de bouteilles de vins en provenance de l’Union européenne chaque année. Si aucune modification n’intervient d’ici la fin de l’année, les fournisseurs européens et importateurs britanniques se verront dans l’obligation de compléter des formulaires VI-1 et de faire réaliser les analyses correspondantes pour un coût global estimé à 350£ (soit environ 385 €) par vin expédié. La Wine & Spirit Trade Association chiffre ainsi à 600 000 le nombre de formulaires VI-1 nécessaires, engendrant plus de 70 millions £ de frais supplémentaires étalés sur la chaîne d’approvisionnement, avec des répercussions probables sur les prix consommateurs. Dans un rapport que vient de publier un groupe parlementaire multipartite, certains opérateurs estiment que les nouvelles exigences administratives pourraient entraîner un surcoût de 20p (soit 22 cts) sur une bouteille de vin au stade du détail, chiffre qui monterait jusqu’à 1£ (1,10 €) pour les vins anglais exportés vers l’Union européenne. S’y ajoutent les coûts afférant à la modification de l’étiquetage et aux déclarations douanières après la période de transition, pour un prix consommateur qui pourrait augmenter de 1,25 £ (soit 1,37 euros).
Les entreprises britanniques craignent, par ailleurs, d’importants retards au niveau du dédouanement sur un marché qui fonctionne en flux tendu. En effet, les droits d’accise particulièrement élevés au Royaume-Uni rendent coûteuse la détention de stocks importants. Le rapport du groupe parlementaire pointe également le manque de lisibilité concernant les laboratoires agréés et autorités compétentes, sachant que les gouvernements britannique et européen n’ont pour l’heure confirmé ni les uns ni les autres. Les opérateurs britanniques sont d’autant plus mécontents qu’ils estiment que le formulaire VI-1 – qui n’a pas son équivalent parmi les autres boissons alcooliques – et les analyses correspondantes n’apporteront aucune information de plus que ce qu’il n’existe déjà dans la documentation commerciale. « Nous ne préconiserions rien qui soit préjudiciable à la santé publique », s’insurge Nick Taylor, responsable des achats auprès de Direct Wines, dans le rapport, qui rappelle que le secteur du vin est déjà particulièrement réglementé.
Enfin, les professionnels estiment que leurs fournisseurs européens risquent de ne pas être au fait de ces nouvelles exigences, prolongeant ainsi considérablement les délais de livraison, voire même dissuadant certains d’entre eux de travailler avec des importateurs britanniques. Par conséquent, ces derniers redoutent une diminution de l’offre dans un pays considéré comme une plaque tournante du marché mondial du vin, au cœur d’un commerce important de mise en bouteille et de réexpédition hors frontières. « Le VI-1, qui a été transposé depuis le droit communautaire, est manifestement anticoncurrentiel et protectionniste... », a dénoncé un opérateur britannique. « Il ne sert pas les intérêts du Royaume-Uni, qui importe près de 100 % de ses vins et qui est le plus grand importateur net de vin au monde. Il ne s’agit pas là de « reprendre le contrôle », mais plutôt de se tirer une balle dans le pied ! »