Eudémis et cryptoblabes

Les vers de la grappe toujours actifs dans les vignes vendangées à la machine

A partir du 15 août, nous avons assisté à une diminution drastique du potentiel de récolte sur certaines parcelles de syrah » regrette Laurent Duret, consultant à l’Institut Coopératif du Vin (ICV). Dans les secteurs les plus touchés, eudémis et la pyrale des agrumes (cryptoblabes gnidiella) ont parfois privé les viticulteurs d’une demi-vendange.

Des rosés qui ne collent pas au marché

« En cave, ils se sont retrouvés face à des bouillies de raisins concentrés mais pas mûrs, libérant des jus colorés, à la fois très sucrés et acides. Ils en ont tiré des rosés qui ne collent pas du tout au marché » poursuit Laurent Duret. Pour ne rien arranger, les tordeuses de la grappe ont permis aux bactéries de pénétrer dans les raisins, entraînant des montées d’acidité volatile.

Eudémis et la pyrale des agrumes ont encore gagné du terrain en Occitanie. « En plus du littoral, il y a désormais des tordeuses dans l’intérieur des Pyrénées Orientales, de Thuir à Tautavel. On les retrouve aussi sur le littoral audois, jusqu’à Narbonne, et dans le sud du Pays, jusqu’au vignoble espagnol d’Emporda. » Cette propagation inquiète le consultant, qui redoute déjà qu'un hiver doux ne suffise pas à stopper l’activité des ravageurs encore présents au vignoble.

Des réservoirs pour l’année prochaine

« Il y a encore beaucoup de chrysalides et de vers actifs dans les grappes oubliées car trop basses pour la machine. J’en vois aussi sur les rafles avec des raisins séchés. Ce sont de vrais réservoirs pour l’année prochaine. »

Laurent Duret encourage d’ores et déjà les viticulteurs à retourner dans les parcelles pour y déterminer le niveau d’infection, en commençant leurs observations par les bordures, propices aux contaminations. « Cela leur permettra de bien déterminer l’espèce en présence pour se préparer à traiter ou à mettre en place la confusion sexuelle, également autorisée pour lutter contre la pyrale des agrumes depuis fin août » explique-t-il.

Brûler plutôt que broyer

Même si l’opération est chronophage, après la taille, le consultant recommande aussi aux vignerons de ne pas broyer les sarments des vignes contaminées mais de les brûler pour faire baisser le niveau de pression.