tort ou à raison, les ventes des vins rouges de Bordeaux se heurtent aux critiques répétés sur leurs goûts datés, en termes de boisé et de tannins, décalés par rapport aux demandes modernes de profils fruités, frais, voire sucrés. Pour sortir des postures et proposer des solutions, le service technique du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) lance une étude d’ampleur pour cartographier l’offre actuelle des appellations girondines et la demande réelle des consommateurs.
Ciblant les bouteilles de Bordeaux vendues entre 3 et 8 euros, le CIVB va faire déguster 250 vins rouges à des experts pour en retirer 20 à 30 profils types. Des représentants de ces produits identifiés seront ensuite testés auprès de panels représentatifs de consommateurs et de professionnels de la filière pour retenir les profils les plus porteurs commercialement parlant. Une fois ces produits identifiés, des itinéraires techniques adaptés pourront être diffusés aux adhérents du CIVB.
L’enjeu est d’autant plus urgent que la déprise commerciale des vins bordelais est forte et nécessite de moderniser l’offre. Faisant le point sur les facteurs expliquant le recul des ventes en France (le premier marché avec 55 % des volumes girondins), Ann-Cécile Delavallade, la directrice du service économie du CIVB, explique, lors d’un récent webinar, que l’évolution des habitudes alimentaires réduit la consommation de rouges, avec des repas déstructurés, des instants de consommation hors repas et des occasions plus informelles, qui sont plus favorables aux vins frais et bières. « Ça pose la question de l’adaptation de l’offre des vins de Bordeaux, de leur buvabilité » résume la statisticienne. L’équation étant posée, sa résolution est à trouver.