Si vous aviez prédit il y a 10 ans que les vins hybrides seraient non seulement considérés comme cool, mais finiraient par représenter un vrai mouvement de fond aux Etats-Unis, personne ne vous aurait cru. Et pourtant, nous en sommes bien là aujourd'hui » rapporte le journaliste Zachary Sussman dans le magazine Punch.
Dans la région des Finger Lakes, la vallée de l'Hudson, le Maryland, le Vermont, ou le Maine, de plus en plus de vignerons adoptent les hybrides, croisements des Vitis Vinifera européens et des Vitis Labrusca américains.
Selon l’article, ces outsiders ampélographiques avaient déjà connu une période de gloire au début du XXème siècle, cultivés pour leur résistance aux maladies et leur capacité à survivre aux hivers glaciaux du Vermont ou de l'Ohio. « Mais, après la Prohibition, la sagesse conventionnelle les avait radiés comme vinis non grata lorsqu'il s'agit de faire de grands vins. Les espoirs s’étaient alors tournés vers la Californie et les raisins Vinifera. »


Aujourd’hui, les hybrides ont libéré la créativité des vignerons. Ils font des blancs de macération et des rouges carboniques. Presque tous font aussi des effervescents, « en partant de la méthode champenoise aux pét-nats, en passant par des vins co-fermentés avec des pommes ou des canneberges, souvent conditionnés en canettes. C’est l’effusion. Dans ces régions, ces hybrides sont capables de mûrir jusqu'à leur maturité maximale tout en conservant l'acidité vivifiante qui se prête naturellement aux bulles. »
Le magazine Punch fait témoigner la sommelière Pascaline Lepeltier et le vigneron Nathan Kendall, producteurs de deux pét-nats hybrides dans la région des Finger Lakes. « Le choix des hybrides delaware et catawba nous est venu comme une évidence. Dans notre région, la culture biologique de la vinifera présente de sérieux défis alors que les hybrides prospèrent sans pesticides ni pulvérisations chimiques. »