ors de la troisième rencontre d’Hennessy avec ses partenaires, Florent Morillon, le directeur amont de la maison, avait fait frissonner les viticulteurs charentais. « En 2028, il y aura 0 % d’herbicides dans l’ensemble du bassin de nos partenaires » annonçait-il. Joignant le geste à la parole, Hennessy a lancé ce 28 juillet son projet « Cap 0 herbicide », dans le cadre du programme Ferme 30 000 du plan Ecophyto II.
Pendant 5 ans, le négociant et un groupe de 16 viticulteurs vont éprouver toutes une série d’alternatives au désherbage chimique. « D’ici 2025, nous saurons ce qui marche le mieux et serons en mesure d’accompagner nos 1600 partenaires » affirme Raphaël Brisson, nouveau responsable de la viticulture durable chez Hennessy. Le groupe travaillera aussi sur la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires.
Hennessy va montrer l’exemple dès l’an prochain en bannissant tout désherbage chimique sur ses 180 ha. Avec la constitution de ce groupe, la Maison espère faire monter tous ses partenaires dans le train de la transition écologique. « Avant le zéro herbicide, nous souhaitons qu’ils aient tous obtenu le Certificat Environnemental Cognac en 2025 » pose Mathilde Boisseau, responsable Vigne et Vin. Des clauses seront-elles ajoutées aux futurs contrats ? Mathilde Boisseau assure que rien n’est décidé.
Dans l’immédiat, un diagnostic va être réalisé chez les 16 viticulteurs impliqués dans le groupe 30 000. « Les profils sont très variés, avec des exploitations qui vont de 15 à 95 ha, implantées sur l’ensemble des types de sol que l’on peut retrouver dans la région » témoigne Raphaël Brisson.
Leurs pratiques actuelles sont également très variables. « Certains viticulteurs se penchent tout juste sur le sujet, certains sont déjà très avancés sur la thématique du désherbage, tandis que d’autres ont préféré concentrer leurs efforts sur la gestion des pathogènes. » Hennessy les aidera à définir leur itinéraire technique. Le groupe pourra aussi compter sur l’aide de l’IFV et des conseillers de la Chambre d’agriculture.
En 2021, l’accent sera mis sur le travail mécanique sous le rang. Hennessy a déjà testé plusieurs solutions, comme l’Emisol, un intercep dévoilé en 2019 par la société Chabas. « Il permet de cultiver deux dessous de rangs complets ainsi que le rang de passage, faisant gagner beaucoup de temps » indique Raphaël Brisson.


Les viticulteurs seront libres d’acquérir le matériel qu’ils pensent être le plus adapté à leur exploitation. « Nous ne leur mettrons pas les outils à disposition, mais, grâce à l’expérience que nous avons acquis après des années d’essais dans nos vignobles, nous leur apporterons l’assurance que certains fonctionnent » poursuit le responsable viticulture durable.
L’année 2022 sera dédiée aux couvertures végétales du cavaillon, aux paillages, et aux feutres. En 2023, le groupe travaillera sur les robots et les tracteurs autonomes. A ce sujet, Hennessy teste depuis la semaine dernière la deuxième version du robot Ted de Naïo. « Elle est mieux adaptée aux pentes et permet de travailler avec davantage d’outils. La sécurité a également été améliorée » témoigne Raphaël Brisson. « Nous avons volontairement placée la thématique robot en dernier, le temps de voir arriver de nouvelles solutions adaptées à nos vignes larges et hautes » complète la responsable Vigne et Vin.
Fin 2023, Mathilde Boisseau espère que les 17 membres du groupe auront passé le cap du zéro herbicide. L’année 2024 sera consacrée au bilan et à la présentation des résultats aux 16 000 partenaires. « D’ici là, ils auront vent de nos avancées lors des visites de nos techniciens » conclut-elle.