e projet GeEnVi a démarré en 2018 en Alsace et en Champagne et s'achèvera en 2021. En Champagne, il fait suite à une demande de viticulteurs de l'Aube, situés sur la commune d'Arrentières, dont les vignes étaient de plus en plus touchées par le virus de l'enroulement. « La maladie n'est pas spécialement plus forte ici qu'ailleurs. C'est plus lié au fait que certains viticulteurs s'en préoccupent plus que d'autres : la nuisibilité n'est pas perçue pareil par tous. Il n'y a pas un secteur en Champagne qui ne soit pas concerné », explique Géraldine Uriel, du Comité Champagne.
Leurs vignes sont localisées sur deux coteaux. Environ 30 hectares de vignes sont concernées. Ce sont des vignerons qui vinifient leurs raisins et sont donc plus concernés par les problèmes de mauvaise maturité par rapport aux livreurs de raisins. Les vignes sont aussi majoritairement plantées avec du Pinot noir, avec donc des symptômes bien visibles l'automne.
Un groupe d'une vingtaine d'entre eux a été constitué sur cette problématique, dans le cadre du programme GeEnVi, lui-même s'inscrivant dans le Plan national dépérissement du vignoble. Pour les accompagner, le Comité Champagne, des techniciens de l'Union auboise, le tout chapeauté par l'Inra de Colmar et l'IFV.


La première phase a consisté à les sensibiliser au problème et à les former à la reconnaissance des symptômes, puis à organiser des journées de prospections à pied des parcelles. L'objectif : cartographier l'ensemble des surfaces des deux coteaux pour dresser un état des lieux. Parallèlement, une prospection par drone a été effectuée, afin de comparer les résultats obtenus entre les deux méthodes et ainsi vérifier l'efficacité de cette dernière. « L'idée à terme est de pouvoir s'appuyer sur cette technologie pour cartographier les symptômes des parcelles et surveiller leur évolution au fil des ans », explique Géraldine Uriel. Les premiers résultats seront connus en septembre. Les premières impressions donnent de bons résultats sur cépages rouges mais il reste beaucoup de travail sur les blancs.
« Cette première étape a aussi permis de poser les bases d'une gestion collective de la lutte contre l'enroulement, à l'échelle d'un coteau », rapporte celle-ci. La lutte contre cette maladie, qui passe par l'arrachage des ceps trop atteints, n'a de sens que si l'on ne procède pas de façon isolée mais de façon concertée, par grand secteur. Sinon, les risques de recontamination très rapide des pieds nouvellement plantés sont élevés. Un seuil « critique » de 20% de pieds symptomatiques, au-delà duquel il faut arracher la parcelle entièrement, a également été défini.
Outre un arrachage collectif, il s'agit également de réfléchir aux solutions à mettre en œuvre entre la zone replantée - donc saine - et la zone contaminée. Faut-il installer des haies végétales pour empêcher le passage des cochenilles ? Installer des filets de protection ? Traiter à l'aide de larvicides ? Toutes les pistes doivent être étudiées de façon concertée afin de retenir les plus pertinentes économiquement mais aussi environnementalement.
C'est l'objet du second volet du programme, appelé « LutEnVi », pour « Lutte contre l’enroulement viral de la vigne par une gestion collective et intégrative », qui vient d’être labellisé par le Plan dépérissement, et qui prendra la suite en intégrant un autre coteau en Bourgogne. Les nouveaux sites pourront bénéficier de l’expérience alsacienne et champenoise.
La méthode utilisée et ses différentes étapes permettant de gérer collectivement la lutte contre l'enroulement serviront, à terme, de modèle à suivre pour d'autres vignobles.