e 30 juin, la fédération des Vignerons Indépendants de Champagne quitte les locaux du syndicat général des vignerons (SGV). Motif de la scission ? Le désaccord des VIF sur les négociations menées par le SGV avec le négoce sur les rendements de la récolte 2020. Les VIF demandent à ce que les parcelles destinées à la commercialisation des bouteilles puissent bénéficier d’un rendement supérieur à celui des parcelles dédiées à la vente de raisin (cliquer ici pour en savoir plus). Ils souhaitaient également siéger au comité exécutif de l’interprofession.
De son côté, le SGV prône l’unité syndicale en cette période très mouvementée sur le plan économique. Le ton entre les VIF et le SGV s’est durci au fil du mois de juin. Ce 19 juin, le conseil d’administration des VIF a appelé ses 405 adhérents à suspendre le paiement de leurs cotisations au SGV. « Nous avons pris acte de leur position, commente Maxime Toubart, président du SGV. On ne peut pas être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du SGV. Leur demande de rendement différencié n’est pas réalisable. Il est impossible, pour un Organisme de Défense et de Gestion(ODG), d’avoir un rendement différent par opérateur. C’est possible uniquement par village, comme c’est le cas en Bourgogne ou dans d’autres vignobles. Les VIF ne représentent pas tous les vignerons qui vendent des bouteilles. Quand le SGV investit 4 millions € en communication, c’est pour ceux qui commercialisent leurs vins. Je suis triste de voir cette scission. Notre porte reste ouverte ».


Yves Couvreur, le président des VIF de Champagne, estime que le SGV a fait du chantage à leur égard. « Nous voulions juste geler nos cotisations jusqu’au 22 juillet, date de la décision interprofessionnelle sur les rendements, précise-t-il. C’était notre manière de montrer notre inquiétude et de peser dans les débats, car nous estimons que notre position n’est pas entendue. Le SGV nous a donné trois jours pour changer d’avis ou quitter le SGV. Je ne fais plus partie du bureau du SGV depuis le 24 juin et les membres du conseil d’administration des VIF ont été retirés des commissions syndicales et interprofessionnelles. Avec le Covid, nous sommes dans une crise inédite. On peut trouver des réponses inédites comme un rendement différencié selon la destination de la parcelle. Quant à la suspension des cotisations au SGV, la fédération des caves coop l’a fait au début des années 2000 en désaccord avec la campagne de communication des Champagnes de Vignerons et ils n’ont pas été sommés de partir ».
Pour Maxime Toubart, ce sont les VIF qui font du chantage en conditionnant leurs cotisations à une décision irréalisable qui romprait l’unité syndicale. « Pour la suspension des cotisations des coops, je n’en ai pas le souvenir mais ce qui compte c’est l’avenir, précise-t-il. Le SGV est toujours accusé de favoriser les coops ce qui est faux. On investit dans les salons, dans des actions commerciales et dans la communication pour ceux qui vendent en bouteilles. C’est l’intérêt du SGV que les vignerons commercialisent des bouteilles pour moins dépendre des négociants ». Il ajoute que le négoce s’est engagé à ne pas exiger la livraison des raisins des VIF (et autres manipulants) qui ont signé des contrats avec eux pour qu’ils puissent tirer en bouteilles 100 % de leur récolte 2020.